La première journée du New York Forum Africa organisé à Libreville par Richard Attias a permis la libération d’une parole sans langue de bois sur les nouveaux enjeux du développement économique du continent.
Peut être faudrait il commencer par les paroles amusées d’Abdeslam Ahizoune, président de Maroc Telecom, et important investisseur en Afrique subsaharienne où son groupe constitue le bras armé du groupe français Vivendi : « la croissance en Afrique ? Mais ce n’est pas un pronostic, ce n’est même pas une nouvelle. Elle est là depuis 10 ans et elle est là pour vingt ans. La croissance enregistrée cette année par nos activités en Afrique dépasse les 20% en moyenne. Elle dépasse même la croissance moyenne des pays où nous sommes implantés, qui varie entre 5 et 10% (…) »
Une phase de croissance forte et durable
Telle est bien la prise de conscience claire qui se dégage des débats. Il n’est plus temps de vaticiner ni de tergiverser. L’heure n’est plus aux prophètes ni à fortiori aux Cassandre : l’économie africaine est entrée dans une phase de développement durable, avec un cercle vertueux qui repose sur un meilleur partage des fruits de la croissance, donc un développement très rapide de la classe moyenne africaine, fondant une croissance de la consommation en Afrique. Une tel cercle vertueux est structurel, il engage le continent dans une logique de progrès de long terme.
Les seuls freins possibles sont le déficits d’infrastructures de communication capables d’accélérer les échanges régionaux, et les bulles d’insécurité qui affectent encore certains des 54 pays africains. Sur ces deux enjeux majeurs, les deux Présidents Ali Bongo et Thomas Yayi Boni, président en exercice de l’Union africaine, ont parlé d’une seule voix : priorité à la réalisation des infrastructures d’échanges, et surtout action concertée et ferme de l’Union africaine pour assurer la stabilité constitutionnelle et politique des pays africains.
Le cas d’école du Gabon
Face à cette résolution affichée les 600 participants au Forum, suivi par plus d’une centaine de journalistes internationaux, ont chacun trouvé leurs mots pour illustrer les réalités économiques de l’Afrique d’aujourd’hui : en termes de ressources humaines, en termes de ressources naturelles, en termes de compétitivité, en termes de capacité d’investissements propres.
Le cas gabonais est évidemment exemplaire : il fallait sortir d’une logique de croissance uniquement fondée sur la rente pétrolière pour construire une économie diversifiée capable de donner à l’Etat gabonais de nouveaux moyens de financement dans la perspective d’une décrue des ressources pétrolières. C’est l’action engagée sous la présidence d’Ali Bongo et dont le premier ministre gabonais Raymond Ndong Sima à expliqué les premiers résultats concrets. Une action qui passe par la constitution d’un Fonds souverain gabonais capable d’investir les revenus du pétrole dans de nouvelles activités productives.
Avec une volonté, fortement exprimée par son ministre de l’économie, de l’emploi et du développement durable, Luc Oyoubi « assurer un large partage de la croissance dans la population gabonaises ». Car « l’Afrique du Sud n’est pas un modèle… Sa croissance n’a pas été partagée par tous… Et cela crée une société violente et inégalitaire (…) » Il faut inventer un modèle gabonais de développement.
Idée novatrice, qui apparaît comme une des grandes orientations de ce Forum : il faut associer rentabilité des investissements et consolidation du bien être social des populations. Assurer le développement durable sur une croissance partagée, non sur une exploitation accrue des pays africains, avec une utilisation intelligente des potentiels humains et des richesses naturelles du continent. La deuxième journée du Forum sera consacrée samedi 9 juin, à des ateliers de mise en œuvre concrets et thématiques.