Le nettoyage de poissons et le plumage de poulet : les métiers novateurs au Cameroun


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eccaillers et plumeurs

Le véritable problème du retard économique de l’Afrique se trouve dans la non prise en compte par les Etats Africains de tous les secteurs d’activités. Leur politique de valorisation économique à tendance à prioriser moins le secteur privé informel.

Même s’il y a des discours visant à l’amélioration au point où on assiste à la création de quelques PME, il faut noter que le secteur privé informel est le plus négligé et le plus en proie aux problèmes de santé. Dans les pays africains en général et au Cameroun en particulier, ce secteur est laissé pour compte et ne connaît aucune intervention des médecins du travail. Pourtant il est le principal pourvoyeur d’emplois aux jeunes. Grâce aux stratégies de ces acteurs, le secteur informel n’est jamais confronté à l’épuisement, ni à l’inactivité mais plutôt il est pragmatique et pratique. Il se dynamise, se recrée en permanence et s’innove au quotidien pour répondre aux besoins de plus en plus grand d’emplois. Les économies africaines ont ceci de particulier qu’elles mettent en œuvre et permettent de créer une diversité d’activités informelles. En effet, récemment, ils se développent dans les marchés urbains camerounais une activité qui est celle du plumage des poulets et du nettoyage de poissons. On les appelle « Les plumeurs de poulets et les nettoyeurs de poissons ». Il y a quelques années, les poulets se plumaient et les poissons se nettoyaient uniquement dans l’espace domestique, ou encore que le nettoyage de poissons et le plumage de poulets ne faisaient pas l’objet d’un métier encore moins d’une activité génératrice de revenus. Ils étaient considérés comme des tâches culinaires, de l’intérieur car la ménagère achetait son poisson ou son poulet au marché et rentrait l’écailler ou le plumer à la maison, dans sa cuisine. De nos jours, le nettoyage du poisson ou du poulet sort de cet espace privé domestique qui lui était réservé pour s’étendre et s’implanter dans les marchés non seulement pour faire l’objet d’un métier mais aussi pour devenir une activité rentable qui fait le bonheur de la plupart des jeunes sous scolarisés. Ainsi, ces nouveaux acteurs de l’informel deviennent incontournables pour les ménages, les rôtisseries, les restaurants, les circuits et autres dont le nombre croît de plus en plus au quotidien dans les grandes métropoles camerounaises.

Par ailleurs, le développement de cette activité et son opérationnalisation ne va pas sans créer un environnement malsain et conduit également à des problèmes de santé pour ces travailleurs indépendants. Des lieux de travail situés au cœur de la promiscuité et de l’insalubrité où coulent et stagnent les eaux usées et marécageuses. Travaillant dans des conditions non saines, avec des équipements accusant une insuffisance d’adaptation, ceux-ci se plaignent entre autres des odeurs nauséabondes, des blessures des poissons osseux et durs, des problèmes pulmonaires…etc. La majorité n’ont pas reçu de vaccins ces six derniers mois, fût-il, ce n’est même pas un vaccin contre les problèmes de santé due à ce type de travail. Encore moins, ils disent n’avoir jamais reçu la visitation des médecins du travail. Autrement dit, les plumeurs de poulets et les nettoyeurs de poissons sont exposés aux problèmes de santé liés à l’exercice de leur métier ; il s’agit des maladies animales, des accidents lors de l’utilisation du matériel de travail (les écaillers, l’eau chaude, le feu, etc.) et les infections des voies respiratoires entraînées par les odeurs des déchets sur lesquels ils travaillent. Aussi, ces travailleurs ne respectent pas toujours les techniques de gestion de l’environnement, notamment la gestion des eaux usées et des déchets ce qui les expose davantage aux maladies et aux infections.

Le nettoyage de poissons et le plumage de poulet font partie des métiers de la « débrouille » qui foisonnent dans les marchés urbains camerounais. En outre, c’est un métier exercé particulièrement par les jeunes (leur âge oscille entre 15 et 35) et le niveau scolaire va du CM2 au Baccalauréat plus 2 ; ils vivent généralement seuls, en couple et même en famille. Ainsi, nous nous sommes posé la question de savoir qu’est-ce qui explique la présence de ces nombreux jeunes devant les poissonneries et les hangars de poulets des marchés de Yaoundé et de Douala. L’hypothèse y afférente a été que les conditions de vie s’avérant de plus en plus difficiles dans un contexte de pauvreté et face au problème de chômage de plus en plus accru, les jeunes trouvent d’autres moyens de subsistance en s’impliquant dans le développement des activités informelles notamment le plumage des poulets et le nettoyage des poissons.

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