Les nouvelles technologies à Koutiala, la deuxième ville industrielle du Mali, ce n’est pas un mythe grâce au Centre Multimédia Communautaire (CMC), une initiative de l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (Unesco). Associant radio communautaire et nouvelles technologies, les CMC ambitionnent de réduire le fossé numérique.
Le Centre Multimédia Communautaire (CMC) de Koutiala (situé à 407 km de Bamako, la capitale malienne) est une véritable porte d’accès aux nouvelles technologies pour les habitants de la deuxième ville industrielle du pays et de ses environs. Soit plus de 500 000 personnes. Là, ils retrouvent des ordinateurs – le télécentre qui existe depuis 2002 en compte 6, une connection Internet par modem et le minimum indispensable pour espérer survivre à l’ère du numérique. Le principe du CMC est simple : associer « la radio de proximité avec l’Internet et les technologies associées ». Cette initiative de l’organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (Unesco) vise à réduire le fossé numérique.
Koutiala à l’heure du Net
Pour l’instant, c’est un pari réussi à Koutiala où le CMC est associé à Radio Jamana qui l’abrite dans ses locaux. « Nous recevons près d’un vingtaine de clients par jour qui viennent pour de multiples raisons. Parmi eux, il y a notamment des commerçants, qui vendent des motos, des produits alimentaires ou encore des vêtements. Ils effectuent leurs transactions en ligne, ce qui leur évite des déplacements vers l’Asie ou l’Europe où ils s’approvisionnent », explique Mohamed Lamine Sylla, le directeur du télécentre de Koutiala. Autre exemple de service rendu à la communauté majoritairement agricole : les données météorologiques envoyées de Bamako par voie électronique sont transmises via la radio aux paysans. « Ils sauront par exemple, si il y a trop de vent, que ce n’est pas le moment de disséminer les engrais », indique le responsable du CMC. Le télécentre propose également des services d’impression et divers travaux numériques. Des services payants qui conditionnent sa survie. Ainsi une heure de navigation coûte 1 000 F CFA (environ 1,5 euros). Les CMC reçoivent, en effet, au départ des dons en matériel mais ils dégageront plus tard les ressources nécessaires à leur fonctionnement. Et le CMC de Koutiala fonctionne bien puisqu’il rend de nombreux services à la communauté.
Ainsi, il a permis à un mensuel dénommé Sinja Foobê (signifie « fraternité » en langue malinké) écrit en N’ko, l’alphabet mandingue, d’être publié à grande échelle. La publication n’était auparavant disponible, dans tout le Mali, que dans une vingtaine d’exemplaires…manuscrits. Aujourd’hui, ce sont 1 000 copies imprimées qui sont produites grâce au CMC de Koutiala. Mohamed Lamine Sylla nous raconte cette belle aventure numérique. « Mamadou Diarra, un des rédacteurs de Sinja Foobê vit à Koutiala. Il fréquentait régulièrement le centre et, un jour, il m’a demandé s’il n’y avait rien sur le N’ko sur le Net. Ensemble nous avons cherché et découvert le site kanjamadi.com qui est en N’ko. Nous sommes alors rentrés en contact avec le responsable du site qui nous a fait parvenir d’Egypte un CD-Rom contenant les 5 polices (à installer, ndlr) nécessaires à l’écriture du N’ko à partir d’un clavier Azerty normal. » Depuis, le centre reçoit de Bamako, un exemplaire manuscrit de la publication qui est traité numériquement puis imprimé dans la capitale. D’ici 2006, ce sont une vingtaine de CMC qui devraient voir le jour au Mali. Le pays en compte déjà 4 y compris, le premier, celui de Koutiala.