Dix-sept candidats en lice pour le premier tour des scrutins présidentiels qui se déroulent dimanche 4 mars. Se profile un affrontement au sommet entre deux vieux adversaires : le président sortant, Mathieu Kérékou et son prédécesseur, Nicéphore Soglo.
» La fin de mon mandat n’est pas un cataclysme (…) mais je vous demande de bien vouloir me maintenir encore pendant cinq ans là où vous m’avez mis en 1996 « . Cette déclaration du chef de l’Etat béninois, Mathieu Kérékou est à l’image des scrutins présidentiels de dimanche que chacun des candidats a voulu exemplaires. Un esprit affiché de tolérance et de respect du choix des urnes incarné par une chanson diffusée en boucle par les stations de radio et la télévision : » Les élections ce n’est pas la guerre, nous sommes tous des frères « .
Il en va du prestige de cette petite nation de l’Ouest de l’Afrique. Depuis qu’il a opté pour le multipartisme, il y a dix ans, le Bénin s’érige en modèle pour tout le continent.
Deux alternances présidentielles
En dépit des ratés de ce premier tour, liés à une mauvaise organisation et à l’absence de matériel électoral dans les localités reculées, les retards dans le déroulement des scrutins n’ont pas entamé leur caractère profondément pacifiste. Aucune violence n’a été enregistrée à l’heure où nous écrivons ces lignes. Rien d’étonnant si l’on songe que, depuis 1991, le Bénin a connu deux alternances au sommet de l’Etat et élu trois parlements différents sans qu’à aucun moment, la violence ne soit venue perturber les processus électoraux.
Pas moins de 17 candidats s’affrontent dans cette élection. Dans le cas -probable – où aucun candidat n’obtient la majorité absolue le 4 mars, les électeurs seront amenés à trancher au deuxième tour, le 18 mars prochain.
D’ores et déjà se profile un affrontement au sommet entre deux candidats qui ont en commun le fait de s’être succédés et précédés : Mathieu Kérékou et Nicéphore Soglo. Le premier a été évincé par le second après 18 ans de pouvoir absolu, en 1991. Mais Soglo, l’expert, ancien administrateur de la Banque mondiale, proche du leader français Alain Madelin, n’a pas su faire accepter le tournant libéral qu’il voulait faire prendre à son pays, ni empêcher le retour de Kérékou aux affaires lors des scrutins de 1996.
La surprise pourrait venir cette année des outsiders, le socialiste Bruno Amassou, ministre d’Etat dans le gouvernement sortant, et Adrien Hougbedjii, le président de l’assemblée nationale. L’un et l’autre font campagne pour le » changement « . Et l’on flaire de nombreuses tractations entre les deux tours, si comme le pressentent les observateurs, les scores des scrutins de dimanche donnaient de faibles majorités aux deux poids lourds de la scène politique béninoise.