L’homme d’affaires nigérian Aliko Dangote, qui a reçu l’aval du président camerounais Paul Biya pour installer une cimenterie sur les berges du wouri, à Douala, est attaqué par les riverains. Et pourtant, tout juste en face du site, la cimenterie du groupe français Lafarge n’émeut personne.
(De notre correspondant)
Un groupe constitué de leaders d’opinion, de l’homme politique et député Jean Jacques Ekindi, pour la plupart originaires de la région du Littoral, ont donné une conférence de presse la semaine dernière pour dénoncer la construction d’une cimenterie à Douala. L’objectif était d’appeler les populations de la capitale économique à s’opposer à la construction d’une cimenterie et obliger le gouvernement à s’y opposer. Les mécontents dénoncent la non publication de l’étude d’impact environnemental ou encore l’absence sur le site des travaux d’une plaque d’information sur les caractéristiques du chantier et sur l’entreprise qui le réalise.
Il s’agit là de la deuxième tentative d’opposition à l’implantation de Dangote Cement au Cameroun, une filiale de Dangote Cement Nigeria du milliardaire nigérian Aliko Dangote. Ce dernier multiplie les cimenteries dans de nombreux pays africains. En effet, l’ancien premier ministre Inoni Ephraim avait présenté en 2008 au milliardaire les opportunités d’affaires sur le Cameroun, notamment dans le secteur du ciment, en crise au pays et où la demande locale n’est pas comblée.
Les négociations aboutissent le 19 Septembre 2011 avec la signature de 3 conventions avec le ministère des Mines et du Développement technologique et le port de Douala. Le site de la base Elf, sur les berges du wouri, juste en face des cimenteries du Cameroun, une propriété du groupe français Lafarge, a proposé au milliardaire d’investir 57 milliards de Fcfa dans la mise en place d’une unité de fabrication du ciment.
Des oppositions contestables
Alors que les travaux de construction avaient déjà été lancés, l’Assemblée coutumière du peuple sawa, qui tient chaque année des cérémonies sur le lieu, s’est opposé à leur poursuite. Le ministre des Domaines, du Cadastre et des Affaires foncières a alors sommé le milliardaire d’interrompre le projet. Aliko Dangote a menacé de déposer une plainte à Londres contre le gouvernement pour rupture abusive de contrat. Saisi du dossier, le président Paul Biya a instruit son Premier ministre de notifier le maintien du projet de cimenterie du milliardaire nigérian au lieu préalablement accepté par ce dernier. Les travaux reprennent alors en mars 2012 après que Dangote ait pris l’initiative de discuter et trouver des accords avec les chefs de la communauté sawa, initiateurs de l’opposition.
Une autre opposition est apparue, avec en chef de file les fils de la même ethnie qui cette fois brandissent la menace de la pollution environnementale. De nombreuses personnes y voient plutôt une main invisible de Cimencam, du groupe français Lafarge qui détient pour le moment le monopole du marché. La cimenterie Dangote projette de produire 1 500 000 tonnes de ciment par an et pourrait constituer, selon des observateurs, un sérieux concurrent pour le français. La Commission indépendante contre la corruption et la discrimination (Comicodi) dénonce l’attitude du député jean Jacques Ekindi, le chef de file de cette contestation. Le Comicodi constate que le député ne s’est jamais offusqué de la pollution qui représente un véritable fléau au Cameroun, n’a même jamais dénoncé la présence de cette entreprise française.