Les lignes téléphoniques du premier cybercafé du Sénégal, le Metissacana, ont été coupées le 26 février dernier par la Sonatel. Motif : 30 millions de FCFA d’arriérés.
Depuis huit jours le très frustrant » Socket Error » bien connu des internautes, s’affiche lorsque l’on essaie de se connecter au site du Metissacana. Pas la peine d’insister : les lignes téléphoniques du cybercafé ont été coupées le lundi 26 février par la Société nationale des télécommunications (Sonatel),. Raison invoquée : 30 millions de FCFA (300 000 FF) d’arriérés que le Métissacana doit à la Sonatel.
Cette dernière préfère rester muette sur sa décision qui en a surpris plus d’un. En effet, le jour de la coupure, deux des fondateurs du site – la styliste Oumou Sy et son mari Michel Mavros – partaient à Ouagadougou pour le Festival panafricain de cinéma et de télévision (Fespaco). Coïncidence ? Peut-être. Toujours est-il que les gérants ont été incapables de communiquer avec leurs internautes pour leur expliquer la situation. » Il a fallu attendre six jours pour que nous sachions pourquoi le site n’était pas accessible « , explique un internaute sénégalais qui avait l’habitude de passer entre 7 et 10 heures par jour sur le site en question. » Nous avons appris la nouvelle avec désappointement « , dit-il.
Insolent succès
Aujourd’hui, la presse nationale s’empare de l’affaire et s’étonne du manque de communication de la Sonatel. Ouvert en 1996, le Métissacana est le premier cybercafé d’Afrique de l’Ouest. Véritable institution, il est devenu fournisseur d’accès et prestataire de services. C’est le principal serveur du Sénégal avec l’entreprise publique de télécommunications, Télécom Plus. Essaie-t-on de réduire sa croissance et son influence ? C’est en tout cas ce que pensent ses gérants.
Oumou Sy attaque la Sonatel en ces termes (rapportés par Le Soleil) : » Cette suspension jette le discrédit sur notre entreprise et est une manière de nous assassiner (…) Ils – la Sonatel, Ndlr – veulent effacer le nom de Metissacana qui les gêne « . Le succès insolent du cyber-complexe (un bar, un restaurant, une salle de spectacle, une vingtaine d’ordinateurs connectés 24 heures sur 24, 12 000 abonnés…) qui vient d’être couronné par le prix RFI Net Afrique semble quelque peu ébranler le monopole de la puissante entreprise d’Etat.