Les propos tenus devant les députés français par le président algérien mercredi ont été perçus positivement, dans l’ensemble, par les médias européens et algériens.
Coupe d’Europe ou pas, le discours d’Abdelaziz Bouteflika devant l’Assemblée nationale française n’est pas passé inaperçu dans la presse internationale. Car la réconciliation souhaitée par le chef d’Etat Algérien s’inscrit avant tout dans le cadre d’un grand » projet de partenariat entre le sud et le nord de la Méditerranée « , écrit le quotidien suisse Le Temps. Précisant que » ce partenariat, il le voulait avant tout avec la France « , le quotidien en langue française estime que cette allocution de Bouteflika est » une main tendue (…) comme jamais elle n’a été tendue « .
Même son de cloche au quotidien catalan » La Vanguardia » qui titre en ces mots : Bouteflika invite la France à « une vraie réconciliation « avec l’Algérie.
» Paris et Alger maintiennent une relation traumatique et difficile, issue de la guerre d’indépendance qui n’a pas été digérée comme l’a mentionné le président Bouteflika en réclamant un traitement plus équitable du discours officiel et des livres scolaires français « , écrit le journaliste Joaquin Luna. C’est donc en toute logique si, afin d’engager un virage dans les relations franco-algériennes, le chef d’Etat algérien a fait de la » réconciliation son principal exercice de style « .
Se regarder en face
Le journal français Libération estime que » Paris consacre « le leader algérien. Le quotidien rapporte que les députés ont applaudi debout à son discours, et cite le président Jacques Chirac présentant Bouteflika comme : » l’homme d’Etat qui rend courage et espoir à l’Algérie meurtrie. » Le seul bémol est donné par la voix de la comédienne Isabelle Adjani – dont le père était Algérien. L’actrice explique avoir refusé, en mémoire des disparus de la guerre civile, l’invitation au dîner officiel donné en l’honneur de l’homme d’Etat algérien.
A Alger, le quotidien Liberté a retenu, lui aussi, les analyses présentées dans la presse européenne : » Le président algérien n’allait pas laisser passer l’opportunité de sa présence face aux représentants du peuple français pour replacer les balises de ce que doit être la réconciliation (…) sans user abusivement des thèmes récurrents qui ont de tout temps empêché les deux nations de se regarder en face « , a estimé Nacer Belhadjoudja.
Plus critique, l’éditorialiste d’El Watan a ironisé sur le satisfecit affiché par Abdelaziz Bouteflika dans les domaines de la démocraties et des droits de l’Homme, en évoquant la liberté de la presse, principal acquis des années de crise. Les officiels algériens » à l’extérieur du pays (…) exhibent fièrement ces deux beaux alibis que sont les partis et les journaux indépendants, mais cachent hypocritement qu’ils leur mènent une guerre impitoyable chez eux « , écrit-il.