Pour endiguer le phénomène des bidonvilles et des zones d’habitat insalubre, le Maroc met ses espoirs dans les logements évolutifs. Les bénéficaires à ce projet participent à l’achèvement de la construction de leurs habitations.
Le ministère marocain de l’Habitat cherche à en finir avec les bidonvilles et les zones d’habitat insalubre qui rongent le pays. Pour ce faire, il a adopté il y a quelques années une politique de construction de logements évolutifs. Comme son nom l’indique, cet habitat » évolue selon les moyens des bénéficiaires et fait partie du projet sur l’habitat économique « , explique un fonctionnaire à la direction de l’Urbanisme.
Le département de l’Habitat, créé au milieu des années 90, intervient directement par la réalisation de lotissements et la fourniture de lots aux futurs habitants. Ces derniers achèveront eux-mêmes la construction des bâtiments en dur et pourront les agrandir s’ils en ont les moyens.
Les ménages les plus démunis
» On installe le strict minimum, comme une salle d’eau et des sanitaires. On leur crée un espace salubre « , renchérit le fonctionnaire. La bidonvilles affectent massivement l’axe urbain Casablanca-Kénitra, les agglomérations d’Agadir et de Marrakech. Les logements évolutifs ont été réalisés entre autres à Rabat et à Casablanca, mais selon ce même fonctionnaire » cela se fait un peu partout dans le Maroc « . La superficie moyenne des constructions tourne autour de 60 m2, et se limite le plus souvent au rez-de-chaussée, bien que les habitants aient la possibilité de construire un étage.
» Les bénéficiaires sont choisis par rapport à leurs revenus. Nous avons des experts qui enquêtent sur le terrain et les collectivités locales peuvent demander la mise en place de ces plans d’action. Des listes sont établies pour les gens les plus nécessiteux « , explique l’employé de la direction de l’Urbanisme. Car les logements évolutifs permettent de reloger rapidement des personnes aux revenus modestes, une fois leur ancien habitat déclaré insalubre. C’est, entre autres, l’Agence de lutte contre l’habitat insalubre (ANHI), créée en 1984, qui gère la construction des logements évolutifs. L’opérateur public favorise l’accès des ménages les plus démunis à la propriété des lots de terrain.
Logements évolutifs, ZAP et restructurations
Pour le département de l’Habitat, les secteurs d’habitat insalubre sont » des noyaux de bidonvilles et d’habitat non-réglementaire construits sans plan d’ensemble, ne disposant ni d’infrastructures en réseaux, ni de voiries stables et dépourvus de tout équipement socioculturel « . Par non-réglementaires, on entend bien sûr les constructions sauvages et sans autorisation : » les gens construisent leurs maisons en cachette « , livre-t-on à la Direction de l’urbanisme.
Un urbaniste insiste sur la spécificité des logements évolutifs, qu’il ne faut pas confondre avec les zones d’aménagement progressif (ZAP) – plus vastes et ne raisonnant plus en terme de » familles « , mais en lots – et la restructuration : » Avec les logements évolutifs, nous ne restructurons pas les quartiers. La restructuration est une autre démarche, qui s’effectue le plus souvent dans des quartiers très denses, où il n’y a pas d’équipements collectifs ou lorsque les rues n’ont pas la largeur règlementaire. Nous travaillons alors sur un site déjà existant. «