Ils étaient entre 10 000 et 20 000 dans les rues de Rabat à réclamer, dimanche dernier, la libération des Marocains faits prisonniers par le Front Polisario en Algérie. A l’initiative d’un collectif d’associations dénommé Watanouna, ce rassemblement historique visait à attirer l’attention des organisations internationales sur le sort peu enviable des « séquestrés de Tindouf ».
De la poste de Rabat, via les grandes artères de la ville, au boulevard de la Victoire, les Marocains sont sortis par milliers, dimanche dernier, pour demander la libération des prisonniers de Tindouf. Ils sont 408 Marocains à être détenus dans cette ville située dans le sud-ouest algérien. Ces Marocains auraient dû être libérés, selon les termes de la convention de Genève, en 1991 date de la fin du conflit armé qui opposait le Maroc et le Front Polisario au Sahara Occidental. Cette marche avait pour objectif de sensibiliser et d' »atteindre tous les organismes internationaux », a rappellé Naïma Lemcherki, présidente de Watanouna (notre patrie), le collectif d’associations à l’initiative de ce mouvement sans précédent au Maroc. C’est la première fois que le pays rompt le silence sur cette affaire délicate. Une ouverture qui intervient alors que le Maroc revient sur les années de plomb.
La marche du 6 mars
« C’est un message fort des Marocains à l’ONU, à Kofi Annan, au Haut commissariat pour les réfugiés pour protester contre les terribles conditions de détention non seulement des prisonniers mais aussi des séquestrés », a affirmé Mohamed El Yazghi, chef de l’Union socialiste des forces populaires (USFP) et ministre de l’Aménagement du territoire. Cette marche « est la preuve que le Maroc gagnera son combat », a-t-il poursuivi. De fait entre 10 000 et 20 000 personnes ont participé à ce mouvement de soutien qui a obtenu la caution et le soutien de toute la classe politique marocaine : gouvernement et opposition. Abbas El Fassi, chef du parti Istiqlal et ministre d’Etat, ainsi que Saâd Eddine Othmani, chef du parti islamiste Justice et développement (PJD) étaient, entre autres, au premier rang de cette marche. Une marche soutenue également par de nombreuses organisations non gouvernementales internationales qui militent pour la libération de ces prisonniers.
Un site – séquestrés.org – qui milite dans ce sens leur est d’ailleurs consacré, alors que le conflit rentre dans sa trentième année. Cette marche historique était également solidaire des réfugiés Sahraouis qui vivent aussi dans des conditions difficiles dans cette même région de Tindouf. Leur nombre est estimé entre 65 000 et 165 000 selon respectivement les autorités marocaines et le Polisario. C’est en 1975 que le Maroc a annexé le Sahara occidental, une ancienne colonie espagnole de 266 000 km² et de 300 000 âmes. Depuis le Front Polisario, mouvement qui jouit de l’appui matériel et moral de l’Algérie, revendique l’indépendance de cette région quasi désertique. Les Nations Unies, qui ont largement contribué à l’accord qui a conduit au cessez-le-feu de 1991, est à la recherche d’une solution politique à ce conflit majeur qui mine le Maghreb.