Le Maroc se positionne pour concurrencer l’Algérie dans la distribution de gaz naturel liquéfié dans l’espace de l’Union Européenne.
Les importantes réserves de gaz récemment découvertes au Sénégal pourront permettre d’approvisionner l’Europe en GNL (gaz naturel liquéfié). Avec la collaboration du Sénégal, le Maroc et le Nigeria ont trouvé une solution de contournement provisoire au mégaprojet de Gazoduc Nigeria-Europe. Lequel pourrait passer soit par le Maroc ou l’Algérie. En tous les cas, les deux pays sont sur un même projet au Nigeria.
S’agissant du nouveau gazoduc, la première phase de la construction va partir du Sénégal pour passer par la Mauritanie et le Maroc avant de se connecter au GME (Gazoduc Maghreb Europe). Ces installations existantes quittaient l’Algérie et passaient par le Maroc pour rejoindre l’Europe. Sauf qu’Alger les a fermées depuis la rupture de ses relations diplomatiques avec Rabat.
Le Sénégal, Nouveau Point de Connexion Gazier entre l’Afrique et l’Europe
Avec l’initiative du Nigeria et du Maroc, l’exploitation du gaz sénégalais devrait commencer en 2028, marquant une avancée significative pour le Sénégal, la Mauritanie, et le Maroc. Le Sénégal, doté de réserves de gaz estimées à 1400 milliards de mètres cubes, deviendra ainsi le quatrième pays africain en termes de réserves de gaz, après le Nigeria, l’Algérie, et la Libye, et le deuxième pays africain, après l’Algérie, à être directement connecté à l’Europe par un gazoduc.
Conséquences pour l’Algérie et le Maroc
Tandis que l’Algérie jouit d’un accès établi au marché européen du gaz, elle compte sur le Nigeria pour augmenter ses capacités d’exportation. Cependant, l’ouverture du marché européen au gaz nigérian via l’Algérie prendra des années. Entretemps, le Maroc prévoit d’utiliser le nouveau gazoduc comme un levier stratégique contre l’Algérie, surtout dans un contexte de tensions accrues entre les deux nations. La décision de l’Algérie de stopper le transit de gaz via le Maroc a déjà eu des répercussions, obligeant le Maroc à se tourner vers l’Espagne pour ses besoins en gaz.
La situation s’est envenimée lorsque l’Algérie a menacé de couper l’approvisionnement en gaz à l’Espagne, suspectant une réexportation vers le Maroc, une crise évitée grâce aux interventions de l’Union Européenne. Avec le développement du nouveau gazoduc reliant le Sénégal à l’Europe, le Maroc se prépare à renforcer sa position dans le secteur énergétique européen, au détriment de l’Algérie.