La nouvelle conjoncture économique internationale a incité le Centre marocain de conjoncture à revoir ses prévisions à la baisse. Le PIB sera de 2,5% au lieu des 5,5% prévus.
L’année 2002 ne sera pas celle de la reprise comme l’avait prévu le Centre Marocain de Conjoncture (CMC). Les attentats perpétrés contre les Etats-Unis le 11 septembre dernier ont incité le Centre à revoir ses prévisions de croissance à la baisse. Le PIB pour l’année prochaine sera de 2,5% au lieu des 5,5% prévus en juin dernier. « L’impact négatif de la nouvelle conjoncture sera moins fort sur 2001, puisqu’on en est déjà au quatrième trimestre », a annoncé Habib El Malki, directeur du CMC lors d’une conférence-débat organisée hier sous le thème « l’année 2002, quelles perspectives pour le Maroc dans le cadre du nouveau contexte mondial ». Pour l’année en cours, le taux de croissance connaîtra une baisse de 0,8%, passant de 6,8 à 6%. Selon le CMC, les effets externes des nouvelles donnes économiques internationales sont ressentis au Maroc de façon asymétrique.
Implication des pouvoirs publics
« Les chocs négatifs sont transmis de manière rapide et avec une forte amplitude », souligne Mohamed Laâboudi du CMC. « Dans ce cas-là, l’implication des pouvoirs publics est indispensable, voire vitale pour certains secteurs comme le transport, l’assurance et le tourisme », ajoute-t-il. Les analystes du CMC soulignent que le gouvernement devrait mettre en place un plan de relance pour ces secteurs. « Et ça se traduirait par une loi de Finances plus réaliste. Ce qui n’est pas le cas pour celle en discussion en ce moment au Parlement », déplore Laâboudi.
« Une analyse du projet de loi de Finances actuel permet de constater qu’elle se présente beaucoup plus comme un acte de continuité de la politique économique poursuivie par le gouvernement depuis des années que comme une réponse aux nombreuses inquiétudes causées par l’impact des événements récents », poursuit-il.
Exportations touchées
D’autant plus que d’autres conséquences, indirectes, toucheront l’économie marocaine à travers les exportations notamment. « Actuellement, dans le souci de s’assurer du soutien de l’Inde et du Pakistan, les Etats-Unis et l’Union européenne ont décidé d’augmenter les quotas à l’importation de ces pays et même des suppressions de droits de douane », s’inquiète Mohamed Lahlou, directeur du CNCE. Ce qui aura un effet négatif sur notre positionnement actuel sur le marché européen. Mis à part la conjoncture économique mondiale, plusieurs éléments d’origine interne impacteront négativement sur la croissance en 2002.
L’atonie de la demande tant au niveau des ménages que des investissements, conjuguée à une faible performance de l’activité agricole, à une parité monétaire dirham/euro pénalisante pour certains secteurs, notamment le textile, aura des conséquences néfastes sur l’économie nationale. L’incertitude qui règne autour des prix du pétrole aura aussi un rôle à jouer dans l’essoufflement de la croissance.
Fédoua Tounassi