Payer sans avoir à sortir son porte-monnaie : la monétique avance en Afrique. Si le Maroc est le pays d’Afrique francophone le plus avancé, l’Afrique de l’Ouest bénéficie d’un nouveau dynamisme impulsé par la BCEAO. Interview de Laurent Damecourt, directeur commercial de la Société maghrébine de monétique.
Complètement rentrée dans les moeurs en Occident, la monétique (ensemble des techniques informatiques magnétiques électroniques permettant l’échange de fonds sans support papier) installe de plus en plus ses quartiers en Afrique. En la matière, le Maroc s’inscrit comme le premier pays de l’espace francophone. L’Afrique de l’Ouest, sous l’impulsion de la BCEAO (Banque centrale des états de l’Afrique de l’Ouest), tente de rattraper son retard. Laurent Damecourt, directeur commercial et marketing de la Société maghrébine de monétique (S2M) dresse un état des lieux et revient sur l’aventure du e-dinar tunisien à laquelle sa société a participé.
Afrik : Quel est l’état de la monétique en Afrique ?
Laurent Damecourt : La monétique est fortement liée au taux de bancarisation (les personnes qui ont un compte en banque, ndlr). Or ce taux est relativement faible en Afrique (de l’ordre de 5 à 10% en moyenne, ndlr). Malgré qu’il ait un taux de bancarisation plus faible que la Tunisie (entre 12 et 15% contre près de 30%, ndlr), le Maroc est le pays le plus avancé en Afrique francophone. L’offre en terme de monétique y est plus grande, nous sommes trois entreprises sur le marché nationale. Cela favorise les innovations. Par exemple, il est possible aujourd’hui de recharger son téléphone portable aux distributeurs de billets au Maroc.
Afrik : Et l’Afrique noire ?
Laurent Damecourt : La Bceao est en train d’impulser une dynamique en Afrique de l’Ouest. Les choses avancent à leur rythme.
Afrik : Vous parliez tout à l’heure d’Afrique francophone. Y a-t-il une distinction avec l’Afrique anglophone ?
Laurent Damecourt : En effet. Le moteur principal de la monétique anglophone est la carte de crédit, l’Afrique du Sud est très développée à ce niveau, alors que l’Afrique francophone est centrée sur une carte de paiements et de retraits avec débit immédiat sur le compte (si le compte n’est pas crédité, les retraits sont impossibles, ndlr).
Afrik : Vous avez participé à la mise en place de l’e-dinar en Tunisie. Comment le système s’est-il installé dans le pays ?
Laurent Damecourt : C’est la Poste tunisienne qui a été le maître d’oeuvre de l’e-dinar, le premier moyen de paiement électronique en Tunisie. Avec le consortium Tunisys S2M nous avons remporté son appel d’offre (S2M est éditeur est intégrateur du logiciel, ndlr). Au départ le système était prévu pour que les étudiants puissent payer leurs frais d’inscription universitaire sans qu’ils aient à se déplacer. Ils chargeaient leur compte sur Internet grâce à une carte prépayée qu’ils achetaient à la Poste. Puis une galerie marchande a été créée en ligne. Nouvelle étape, le compte peut désormais aussi se recharger avec une simple carte bancaire.
Afrik : Est-ce que vous travaillez beaucoup en Afrique ?
Laurent Damecourt : Non, nous faisons 80% de notre chiffre d’affaire à l’étranger. Nous avons une cinquantaine d’acheteurs à travers le monde.