Le Maroc génocidaire du peuple Sahraouie ?


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Le gouvernement marocain dénonce un acte politique de la part du juge espagnol Baltazar Garzón, qui a accepté mardi d’ouvrir une enquête sur des « crimes présumés de génocide et de torture » commis par le Maroc contre le peuple sahraouie.

Coïncidence ou calcul ? L’annonce mardi dernier de l’ouverture en Espagne d’une enquête pour des « crimes présumés de génocide et de torture » commis par de hauts fonctionnaires marocains contre le peuple sahraouie, en même temps que la visite du Prince Felipe de Bourbon dans le royaume alaouite, n’a pas enchanté Rabat. Khalid Naciri, le ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement, a regretté jeudi que « le juge Garzón – en charge du dossier – qui appartient à un grand pays démocratique, respectueux de la séparation des pouvoirs, fasse de la politique ».

La presse marocaine n’a pas plus apprécié les « coïncidence suspectes » des événements, comme le titre L’Opinion. Selon le quotidien, les journalistes espagnols auxquels l’information avait été communiquée mardi matin ont eu pour consigne de ne la diffuser que dans l’après-midi, lors de l’arrivée du Prince en terre marocaine. Le journal, qui cite les accusations de « violations présumées des droits de l’Homme » en omettant celles concernant un génocide présumé, se souvient également que le juge français Patrick Ramaël « avait choisi le voyage dans le Royaume du président Sarkozy pour lancer ses mandats d’arrêt dans l’affaire Ben Barka ». Autre similitude, la mise en cause du chef de la gendarmerie royale, Hosni Benslimane, dans les deux dossiers français et espagnols.

De son côté, Aujourd’hui le Maroc s’amuse de ce qu’une partie des personnalités marocaines citées par les plaignants « étaient encore sur les bancs de l’université » à l’époque des faits. Le juge Garzón les a « aidés à rendre plus crédible [leur] plainte », estime le journal. Dans un court portrait de l’homme politique, qui a rejoint le parti socialiste ouvrier espagnol et son gouvernement en 1993, avant de reprendre son métier, Aujourd’hui le Maroc dépeint le juge comme un traître, un « cheval de Troie » du Parti populaire.

Pas de commentaire côté espagnol

Baltazar Garzón a annoncé mardi qu’il acceptait d’ouvrir une enquête pour déterminer si le Maroc est responsable des faits de « génocide » et « actes de torture » commis entre 1976 et 1987 au Sahara occidental. Des associations de défense des droits de l’Homme et des familles de victimes l’avaient saisi en septembre 2006 et le parquet de l’Audience nationale, la plus haute instance pénale espagnole, avait jugée la plainte recevable en mars dernier. Garzón avait alors demandé aux plaignants de préciser leurs griefs.

Parmi les 32 personnalités citées, seuls 13 noms ont été retenus. Certains, comme l’ex ministre de l’Intérieur Driss Basri, sont décédés (août dernier). Outre le général Benslimane, Hafid Benhachem, ex-directeur général de la Sûreté nationale et Abdelaziz Allabouch, ancien patron de la DST, sont cités. Le ministre espagnol des Affaires étrangères, Miguel Angel Moratinos, interrogé mercredi à Marrakech, où il rencontrait son homologue marocain Tayeb Fassi-Fihri, s’est refusé à tout commentaire. « Je respecte la décision du ministère de la Justice et je n’ai pas de commentaire à faire », a-t-il déclaré.

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