Les services marocains de sécurité ont arrêté un haut responsable islamiste algérien, Kamareddine Kharbane, membre fondateur du Front islamique du salut (FIS), parti dissous. Les autorités algériennes le soupçonnent d’être un complice de Ben Laden, et le Maroc d’être impliqué dans un réseau de trafic d’armes. Il vient d’être expulsé vers l’Angleterre.
Le Maroc est-il en train de changer sa politique envers les islamistes algériens, longtemps tolérés dans le royaume chérifien, suite aux attentats contre les Etats-Unis ? Les services de sécurité marocains ont arrêté, mardi dernier, un haut responsable algérien du Front islamique du salut (FIS). Kamareddine Kherbane était réfugié à Londres où il avait bénéficié du statut de réfugié politique. Il s’était rendu légalement au Maroc pour voir son beau-frère Saïd Hamaz, détenu à la prison d’Okacha, où il purge une peine de 15 ans pour trafic d’armes d’Europe vers l’Algérie, via le Maroc.
Les autorités marocaines le soupçonnent d’être impliqué dans ce trafic de 1994, et l’Algérie d’être un complice de Ben Laden. Pour son avocat marocain, le député islamiste du Parti de justice et du développement (PJD), Mustapha Ramid, Kamareddine Kharbane est vice-président de l’Instance exécutive du FIS à l’étranger. Un politique et non un militaire, selon cet avocat. Les autorités marocaines viennent de lui donner raison en expulsant leur hôte indésirable vers l’Angleterre.
Pilote de Mig
Kamreddine Kherbane aimait se présenter à la presse comme ancien pilote de Mig, avion de chasse russe. Officier dans l’armée de l’air algérienne, il était chargé de la maintenance dans la base de Boufarik, à 40 km d’Alger. Ancien d’Afghanistan durant les années 80 et ami intime de Boudjemâa Bounoua, plus connu sous le nom d’Abou Anas, chef spirituel des Afghans arabes et avec lequel il avait fini par créer, en compagnie d’un des fils d’Abassi Madani (président du FIS), une organisation éphémère « Al Bakoun Al Ahed » (Fidèles au serment), pour rester sur la ligne de ce dernier.
« Kharbane a été le responsable principal de l’envoi de milliers d’islamistes algériens en Afghanistan. Il gérait, depuis Peshawar, le bureau de liaison des Afghans Algériens sous couvert d’une ONG islamiste, l’IRIO (International Rescue Islamist Organisation), avec des fonds saoudiens grâce auxquels il avait connu le Saoudien Oussama Ben Laden, qui en fut un des principaux bailleurs », affirme Mounir B, journaliste au « Quotidien d’Oran ».
Kherbane a quitté définitivement l’Algérie au début des années 90, précisément via le Maroc, pour rejoindre Paris avant d’être expulsé deux mois plus tard vers Islamabad, au Pakistan. Et de rejoindre Londres dans des conditions mystérieuses.