Le Comité pour la protection des journalistes s’insurge contre la décision du Maroc d’expulser deux journalistes espagnols, José Luis Navazo, directeur du Correo diplomatico et son collaborateur, Fernando Sanz Moreno qui étaient en reportage dans la région de Tetouan. La liberté de la presse est de plus en plus bafouée dans la région du Rif ou de nombreuses manifestations ébranlent le pouvoir.
Trois policiers en civil de la Direction générale de la sécurité nationale (DGSN) ont arrêté Navazo et Sanz, le directeur du site en langue espagnole El Correo Diplomatico et un de ses journalistes alors qu’ils étaient en reportage dans la ville de Tétouan, au nord du Maroc. Les officiers n’ont pas expliqué aux journalistes pourquoi ils les arrêtaient et ne leur permettaient pas de prendre leurs effets personnels avec eux.
Les journalistes sont restés détenus au siège de la police de Tétouan environ une heure avant d’être escorté au passage Tarajal à Ceuta (Sebta) et les expulser, sans explication, a déclaré Fernando Sanz. Ceuta est une enclave espagnole du côté marocain du détroit de Gibraltar.
Le nord du Maroc est sujet à de nombreuses manifestations depuis octobre 2016 lorsqu’un poissonnier est mort écrasé dans un camion à ordures en essayant de récupérer ses poissons confisqués par la police. Sanz – qui vit à Ceuta, où El Correo Diplomatico est basé – a déclaré au CPJ qu’il était entré au Maroc en Mars de faire rapport sur les manifestations.
« Les autorités marocaines tentent d’empêcher des nouvelles de manifestations dans la région nord du Rif d’atteindre un public international » a déclaré le coordonnateur du programme Afrique du Nord du CPJ, Sherif Mansour dit depuis Washington, DC « Nous appelons les autorités marocaines à lever toute restriction sur la capacité » Navazo et Sanz à entrer dans le pays, et de permettre aux journalistes de rendre compte librement, y compris à partir du Rif. »
José Luis Navazo avait réalisé une interview avec Nasser Zefzafi, avant son incarcération. Le ministre de la Communication, Mohamed Laâraj, a indiqué au magazine Telquel.ma que les deux journalistes espagnols « se sont présentés comme touristes et non comme journalistes, et ont voulu tourner des images alors qu’ils ne disposaient pas d’autorisations de tournage ».
Fin mai dernier, Djamel Alilat, journaliste algérien du quotidien El Watan avait aussi été arrêté et expulsé pour les mêmes motifs par la police marocaine alors qu’il suivait une manifestation dans la ville de Nador dans la région du Rif.