La militante sahraouie Aminatou Haïdar est revenue dans la nuit de jeudi à vendredi à Laâyoune, au Sahara occidental, dans un avion en provenance des Canaries, où elle observait depuis plus d’un mois une grève de la faim. L’intervention de Paris auprès des autorités marocaines semble avoir joué un rôle dans le déblocage de cette affaire, dont les Etats-Unis saluent l’issue.
« C’est un triomphe du droit international, des droits de l’Homme, de la justice internationale et de la cause sahraouie », a déclaré, vendredi, à la presse, Aminatou Haïdar. La militante sahraouie a quitté les Canaries et s’est envolée, dans la nuit du jeudi à vendredi, pour Laâyoune, au Sahara occidental, un peu plus d’un mois après avoir entamé une grève de la faim. D’après une source policière, Mme Haïdar a accompli les formalités d’entrée à l’aéroport. Elle a marqué sur la fiche d’immigration qu’elle « arrivait au Maroc ». Cette issue apporte un grand soulagement à l’activiste qui avait été hospitalisée, dans la nuit de mercredi à jeudi, à la suite de violentes nausées et de douleurs abdominales.
Espagne- Maroc : relations à couteaux tirés
La militante âgée de 42 ans et mère de deux enfants, Aminatou Haïdar avait commencé sa grève le 16 novembre pour protester contre son expulsion par les autorités marocaines de l’aéroport de Laâyoune, au motif qu’elle s’était dessaisie de sa nationalité marocaine. La militante avait inscrit « Sahraouie » sur la case Nationalité de sa fiche de renseignements à son arrivée à l’aéroport. En représailles, la police lui avait confisqué son passeport.
Cette affaire a donné lieu à des échanges diplomatiques houleux entre l’Espagne et le Maroc. Des personnalités et les autorités espagnoles se sont succédé pour lui témoigner leur soutien. Un représentant du gouvernement, Augustin Santos, s’est même rendu à Lanzarote pour lui proposer la nationalité espagnole, afin qu’elle puisse regagner le Sahara Occidental. Mais la militante, qui a reçu en novembre le prix du « courage civique 2009 », avait décliné l’offre arguant qu’ « elle ne voulait pas être une étrangère dans sa propre maison ».
La mystérieuse intervention de Paris
L’intervention de Paris a, semble-t-il, débloqué une situation qui paraissait sans issue. Dans un communiqué publié jeudi soir, l’Elysée a en effet annoncé que le président Nicolas Sarkozy avait demandé au Maroc de remettre un passeport à Mme Haïdar. Le chef de l’Etat avait reçu, mardi à Paris, le ministre marocain des Affaires étrangères, Taïeb Fassi Fihri. Il avait exprimé « le voeu que le royaume du Maroc puisse, dans sa tradition d’ouverture et de générosité, faire remettre à Mme Aminatou Haïdar son passeport marocain à son arrivée sur le territoire du royaume », selon le document.
Vendredi, le chef de la diplomatie marocaine a confirmé que le gouvernement avait accédé à la demande de « pays amis et partenaires » en faveur d’un retour d’Aminatou Haïdar à Laâyoune, mais qu’il restait ferme sur « le respect total de la loi marocaine, par tous, sans exception et sur l’intégralité du territoire national ». Et selon Rabat, les « agissements » de Mme Haïdar « ne sont pas liés à la promotion des droits de l’Homme ». « Elle a, bel et bien, agi pour le compte du Polisario, qui demeure un mouvement militaire et totalitaire, à la solde de l’Algérie qui l’abrite, le finance et le soutient ».
La secrétaire d’Etat américaine, Hillary Clinton, a déclaré de son côté, dans un communiqué, avoir été « contente d’apprendre la décision du gouvernement marocain ». Elle a également salué un « geste humanitaire » qui « reflète l’esprit véritable et la générosité du gouvernement et du peuple marocains, et qui souligne l’urgence à trouver une solution permanente du conflit au Sahara occidental ».
Depuis son annexion en 1975, Rabat propose une large autonomie sous sa souveraineté à cette région qui, soutenue par le Front Polisario et aidée par l’Algérie, demande en revanche son indépendance.
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