Le Maroc a déposé plainte contre le journal espagnol « El País » pour avoir diffusé en septembre dernier une vidéo d’AQMI dénonçant la corruption au Maroc et appelant à se soulever contre le Roi Mohammed VI.
Le royaume du Maroc a déposé une plainte auprès du parquet général espagnol contre le journal El País. Les autorités marocaines reprochent au quotidien espagnol d’avoir diffusé en septembre dernier une vidéo d’Al-Qaïda au Maghreb Islamique (AQMI) – « Maroc, Royaume de corruption et de despotisme » – dénonçant la « corruption » au Maroc et appelant à faire tomber le régime du Roi Mohammed VI.
Selon un document auquel l’AFP a eu accès ce mercredi, la plainte a été enregistrée le 20 décembre 2013, d’après un accusé de réception du parquet général daté du 26 décembre. La plainte a été reçue au titre du deuxième paragraphe de l’article 579.1 du code pénal espagnol, relatif au délit « d’apologie du terrorisme ».
Interrogé à ce sujet, le journal El País n’a émis aucun commentaire et a fait savoir qu’il n’avait, pour l’heure, reçu aucune notification d’un quelconque dépôt.
Des journalistes poursuivis
Au Maroc, un journaliste a déjà été inculpé pour les mêmes motifs. Arrêté le 17 septembre dernier à Rabat, Ali Anouzla, directeur du site d’informations Lakome, avait publié le lien de l’article El País dans lequel figurait cette fameuse vidéo. Il est poursuivi pour « aide matérielle », « apologie » et « incitation au terrorisme », bien que ce dernier ait précisé qu’il s’agissait d’une « propagande terroriste ». Connu pour ses positions critiques envers les autorités de son pays, le journaliste a bénéficié, un mois après son arrestation, d’une remise en liberté provisoire suite à l’importante mobilisation au Maroc et à travers le monde.
Un autre journaliste s’est dit lui aussi visé par la plainte. Il s’agit du reporter Ignacio Cembrero, spécialiste de la région à El País. Il avait publié la vidéo sur son blog le 13 septembre et a expliqué que cette vidéo est « un documentaire de propagande terroriste ». Il accuse le royaume marocain de ne pas porter plainte contre les autres sites Internet où la vidéo est « toujours visible ».