A peine installé dans son nouveau fauteuil de Premier ministre, Charles Konan Banny, nommé le 4 décembre 2005, s’est engagé depuis samedi dans un marathon pour
une série de consultations des formations politiques appuyées par une offensive diplomatique auprès des médiateurs africains dans la crise ivoirienne, aux fins de former le gouvernement d’union nationale attendu de tous.
« Je souhaite que la confiance revienne dans ce pays, on n’a pas besoin d’être d’accord sur tout, c’est dans la dialectique que naît le progrès, mais il faut faire confiance et je souhaite être le catalyseur de cette confiance », a déclaré le nouveau Premier ministre ivoirien à sa sortie, le lundi 5 décembre dernier, de son premier tête-à-tête avec le président Laurent Gbagbo.
Avant d’entamer sa mission proprement dite définie par la
résolution 1633 du Conseil de sécurité des Nations unies, Charles Konan Banny s’est lancé dans une campagne de sensibilisation sur la question de restauration de la confiance entre les forces politiques du pays.
A cet effet, il s’est rendu dans les états-majors de certaines formations politiques dont le Rassemblement des républicains (RDR), le Front populaire ivoirien (FPI, au pouvoir), les Forces nouvelles et autres signataires des accords de Linas-Marcoussis dans le cadre de ce qu’il a appelé « les visites de courtoisie ou de prise de contact ».
Il faut reprendre confiance
Selon une source proche de la Primature, M. Konan Banny a
expliqué sa méthode de travail à la classe politique ivoirienne, basée sur « une collaboration franche faite de compromis et non de compromissions ».
« Il faut poser des actes qui font que chacun de nous aura
confiance en lui-même. Il faut que nous reprenions confiance », a rappelé le Premier ministre à l’issue de ces visites aux formations politiques.
Mais selon des observateurs, cette recherche de la confiance pourrait se briser avec les difficultés que le Premier ministre peut rencontrer dans l’attribution des postes de souveraineté comme les Finances, la Défense et la Sécurité.
Dans les couloirs qui relient le palais présidentiel à la
Primature, les tractations semblent « très houleuses » sur la
nomination à ces portefeuilles jugés « stratégiques ».
« Il serait difficile au président Gbagbo de céder ces postes à des personnes qui ne sont pas de son bord politique, or la résolution 1633 prévoit que le Premier ministre détient tous les pouvoirs nécessaires pour accomplir sa mission. Tel est le défi que M. Konan Banny aura à relever », a fait remarquer un enseignant de l’université, Dr Mathurin Kouassi.
Le désarmement comme objectif
Les visites du vendredi et samedi au groupe de médiateurs
africains, les présidents Olusegun Obasanjo, Mamadou Tandja et Thabo Meki, répondent également du souci du Premier ministre d’atténuer ces éventuelles difficultés qui pourraient survenir dans l’accomplissement de sa tâche.
Conformément à la résolution 1633, le nouveau Premier ministre doit avoir des pouvoirs élargis en vue de procéder au désarmement des ex-combattants et des groupes d’autodéfense, d’organiser la réunification du pays et des élections libres, transparentes et ouvertes à tous.
Cette résolution recommande que le nombre de portefeuilles dans le nouveau gouvernement passe de 41 à une trentaine de personnes, avec cinq ministères à chacun des trois grands partis politiques que sont le FPI, le RDR et le PDCI.
Les autres forces politiques signataires de l’accord de Linas- Marcoussis seront représentées dans ce gouvernement par un ministre chacune alors que le reste des portefeuilles devra revenir à la société civile.