En combinant vaccination systématique et administration saisonnière du vaccin R21/Matrix-M, le Mali ouvre un nouveau chapitre dans la lutte mondiale contre le paludisme, une maladie qui continue de ravager l’Afrique subsaharienne. Cette initiative pourrait sauver des milliers de vies d’enfants et transformer l’approche préventive contre ce fléau.
À l’occasion de la Journée mondiale de lutte contre le paludisme, le Mali devient le premier pays au monde à adopter une stratégie hybride de vaccination contre cette maladie dévastatrice. Ce nouveau modèle combine vaccination systématique et administration saisonnière, un véritable espoir pour un pays lourdement frappé par le paludisme.
En 2023, le Mali a enregistré 8,15 millions de cas de paludisme, représentant à lui seul 3,1 % des cas mondiaux, et 14 328 décès, soit 2,4 % du total global. Le Mali fait partie des onze pays les plus touchés au monde selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Face à ces chiffres alarmants, le pays lance cette approche innovante pour protéger spécifiquement les enfants âgés de cinq à 36 mois, la tranche d’âge la plus vulnérable face à la maladie.
Une stratégie adaptée aux cycles de transmission
Cette méthode hybride prévoit l’administration des trois premières doses du vaccin antipaludique R21/Matrix-M tout au long de l’année, adaptées à l’âge des enfants. Les quatrième et cinquième doses seront ensuite injectées de manière saisonnière, précisément avant la période de forte transmission du paludisme, généralement entre mai et juin. Cette stratégie s’aligne sur les périodes de risques élevés de contamination, une démarche validée par les données scientifiques issues notamment de recherches menées au Mali.
« Nous sommes fiers d’être les pionniers de cette approche hybride, » a affirmé le Colonel Assa Badiallo Touré, Ministre malien de la Santé, soulignant le rôle déterminant des chercheurs maliens dans cette avancée majeure. En effet, le vaccin R21/Matrix-M, dont près d’un million de doses sont actuellement disponibles pour le lancement initial dans 19 districts prioritaires des régions de Kayes, Koulikoro, Mopti, Ségou et Sikasso, pourrait considérablement réduire le fardeau sanitaire du pays.
Un exemple pour le continent africain
La directrice générale de Gavi, la Dre Sania Nishtar, salue l’initiative du Mali, rappelant que ce pays est désormais le vingtième en Afrique à intégrer un vaccin antipaludique dans son programme national de vaccination. « Le Mali montre l’exemple dans une lutte qui demeure prioritaire à l’échelle continentale. Grâce à une mobilisation soutenue et à des financements adéquats, des millions de vies pourraient être sauvées dans les années à venir », affirme-t-elle.
L’impact attendu de cette stratégie hybride est considérable, en particulier pour les enfants. L’UNICEF, partenaire clé dans cette opération, mettra l’accent sur la mobilisation communautaire et l’utilisation d’outils numériques pour contrer la désinformation et maximiser l’adhésion à cette nouvelle campagne vaccinale. Pour le Dr Pierre Ngom, représentant de l’UNICEF au Mali, « cette avancée est un tournant décisif après plusieurs décennies de recherches intensives. »
Le vaccin antipaludique vient ainsi compléter les autres mesures préventives déjà appliquées au Mali, telles que les moustiquaires imprégnées d’insecticide, la chimioprévention saisonnière et la pulvérisation intra-domiciliaire. Cette approche multidimensionnelle reflète la compréhension croissante qu’aucune solution unique ne peut vaincre le paludisme.
Si cette stratégie prouve son efficacité, elle pourrait devenir un modèle pour d’autres nations endémiques et marquer un tournant historique dans la lutte mondiale contre le paludisme, une maladie qui tue encore un enfant toutes les deux minutes en Afrique.
