Le Mali fait face à la sécheresse


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Les autorités maliennes ont lancé une opération de grande envergure depuis le mois de janvier afin de distribuer gratuitement 25 000 tonnes de céréales. Le gouvernement veut venir en aide aux populations qui ont souffert de la sécheresse. Monsieur Oumar Ibrahima Touré, ministre malien délégué à la Sécurité alimentaire, explique en quoi consiste ce plan de distribution.

Le Mali fait face depuis plusieurs mois à une sécheresse importante qui a déjà causé une perte de production de près de 40 % dans certaines régions du pays. Le ministre délégué à la Sécurité alimentaire, Oumar Ibrahima Touré, nous explique pourquoi 25 000 tonnes de céréales vont être distribuées gratuitement. Selon lui, près d’1 million de personnes risquent de connaître des difficultés alimentaires graves si rien n’est fait rapidement. Interview.

Afrik : Pour quelles raisons les autorités maliennes ont-elles décidé de distribuer 25 000 tonnes de céréales ?

Oumar Touré : Le gouvernement a lancé cette campagne de distribution car il y avait des menaces de crise alimentaire grave. Nous avons d’abord identifié les zones en forte carence pluviométrique avant de venir en aide aux gens. Nous avons pris cette décision à la fin de l’année dernière. La mise en pratique de celle-ci a commencé en janvier et prendra fin, pour l’instant, au mois de mai.

Afrik : Quelles régions ont été touchées par cette sécheresse ?

Oumar Touré : Beaucoup de communes souffrent de ce manque de pluie, notamment les régions limitrophes de la Mauritanie telle que Koulikoro où nous avons envoyé 9 513 tonnes de céréales en janvier. D’autres régions comme Ségou, Gao, Tombouctou ou encore Mopti ont reçu 15 368 tonnes de céréales. Nous avons des stocks physiques de 49 000 tonnes de céréales que nous distribuons selon les besoins des régions.

Afrik : Comment faites-vous pour connaître les besoins des régions touchées ?

Oumar Touré : Notre ministère travaille en étroite collaboration avec le SAP (Système d’Alerte Précoce, ndlr) qui identifie les zones touchées et alerte le gouvernement sur les besoins des communes selon le nombre d’habitants. Cet organisme est financé par le gouvernement et les partenaires du PRMC (Programme de Restructuration du Marché Céréalier, ndlr).

Afrik : De quel budget dispose le ministère ?

Oumar Touré : Nous disposons actuellement d’un fonds de sécurité alimentaire de 380 millions de F CFA mais notre objectif serait d’avoir un fonds de 5 milliards de F CFA afin de répondre à tous les besoins nécessaires. Plusieurs organisations internationales nous soutiennent dans nos efforts ainsi que des gouvernements. Il y a le Programme alimentaire mondial, l’Union Européenne (France, Allemagne, Pays-Bas), le Canada et les Etats-Unis, via le réseau Usaid.

Afrik : Combien de personnes sont susceptibles d’être menacées par la sécheresse ?

Oumar Touré : Tout dépend des régions. Notre première intervention a eu lieu au Sahara Occidental où nous sommes venus en aide à environ 350 000 personnes. Les autres régions comptent approximativement 580 000 personnes. En gros, pour tout le Mali, environ 1 million de personnes risquent d’être touchées. Le gouvernement a installé des stocks de céréales sur l’ensemble du territoire, soit 144 communes dont les populations ont des sévères difficultés à subvenir à leurs besoins alimentaires. Nous allons distribuer 3 200 tonnes de céréales supplémentaires à cause de la période de soudure qui s’annonce, de juin à août entre le début de l’hivernage et le début des récoltes.

Afrik : Peut-on parler de famine au Mali ?

Oumar Touré : Non. Notre pays a connu des situations plus graves en 1973, en 1984-1985 où là, effectivement, il y avait la famine. Aujourd’hui, ce n’est pas un problème de famine qui nous touche mais plutôt des difficultés alimentaires qui amènent le gouvernement et ses partenaires internationaux à soutenir la population pendant une période de sept à neuf mois.

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