Le gouvernement militaire du Mali a lancé une réclamation officielle à l’encontre de Barrick Gold. Bamako exige au moins 300 milliards de francs CFA (environ 512 millions de dollars) pour des impôts et des dividendes impayés. Cette demande s’inscrit dans le cadre de la politique du Mali visant à renforcer la collecte de recettes fiscales auprès des entreprises minières opérant dans le pays. La société canadienne Barrick Gold, l’un des plus grands producteurs d’or au monde, est le principal visé par cette action.
Renforcer les recettes de l’État malien
Le mois dernier, les autorités maliennes ont brièvement arrêté quatre employés maliens travaillant pour Barrick. Le gouvernement a également ordonné un audit des contrats miniers, qui a révélé des irrégularités fiscales importantes. En réponse à cette situation, Barrick a indiqué, le 30 septembre 2024, qu’elle avait conclu un accord avec le gouvernement malien pour résoudre les différends et litiges existants.
Le Mali, désireux de renégocier les accords miniers avec les sociétés comme Barrick Gold, Bing2Gold, Resolute Mining et Allied Gold, a pour objectif de récupérer une part plus importante des revenus miniers grâce à la révision du code minier. Ce nouveau cadre législatif vise à renforcer les recettes de l’État, mais aussi à limiter les avantages fiscaux accordés aux compagnies étrangères. Selon ce nouveau code, l’État malien et les entreprises pourraient augmenter leur participation dans les projets miniers de 20 à 35%, en plus d’encourager la création d’emplois locaux dans les secteurs de gestion.
Facture qui pourrait atteindre 500 milliards FCFA
La facture présentée à Barrick Gold par les autorités maliennes inclut principalement des ajustements fiscaux rétroactifs et des dividendes non versés. Les sources proches des pourparlers révèlent que cette facture pourrait atteindre jusqu’à 500 milliards de francs CFA, et concerne des impôts dus pour les années 2020, 2021 et 2022. Barrick Gold, qui opère les mines de Loulo-Gounkoto dans l’ouest du Mali avec une participation de 80%, a déclaré que les demandes du gouvernement étaient « sans fondement ».
Toutefois, la société a déjà payé un montant de 17 millions de dollars pour suspendre l’exécution de ces factures fiscales dans l’attente d’un règlement. Les autorités maliennes n’ont pas précisé pourquoi le montant de la demande a considérablement augmenté au fil des enquêtes. Le 21 septembre 2023, le ministre malien des Mines, Alousseni Sanou, avait annoncé que les contrats révisés de B2Gold, Allied Gold et Robex permettraient de rapporter 245 milliards de francs CFA supplémentaires par an à l’État malien.
Contexte de tensions croissantes dans l’industrie minière
Ce montant s’ajoute à d’autres recettes fiscales supplémentaires attendues par le gouvernement. Cette situation au Mali n’est pas unique. Le gouvernement militaire malien utilise un mélange de coercition, comprenant des arrestations de personnel local et la menace de retirer les permis d’exploitation, pour exercer des pressions sur les entreprises, principalement occidentales, afin d’obtenir davantage de revenus pour l’État.
Des sources proches des pourparlers affirment que la junte malienne adopte une approche similaire à celle d’autres pays d’Afrique, tels que le Burkina Faso et le Niger, qui cherchent également à obtenir une plus grande part des revenus miniers, en révoquant des permis et en restreignant l’accès des entreprises étrangères à certaines ressources. Le Président malien, Assimi Goita, a déclaré l’année dernière que les investisseurs n’avaient d’autre choix que d’accepter les nouvelles règles minières du Mali ou de quitter le pays.
Des spéculations autour de la Russie et du secteur minier malien
Le Mali, qui a sollicité un soutien militaire de la Russie dans sa lutte contre les militants islamistes, fait l’objet de spéculations concernant d’éventuels transferts de permis miniers à des entreprises russes. Cependant, à ce jour, aucun permis n’a été attribué à des sociétés russes, et aucune transaction n’a été confirmée. Une source proche du dossier a d’ailleurs affirmé que l’achat des actifs de Barrick Gold au Mali n’était « pas à l’ordre du jour ».
Cette situation de tensions entre les autorités maliennes et les géants miniers comme Barrick Gold montre bien que le Mali souhaite renforcer son contrôle sur ses ressources naturelles, en particulier dans un secteur stratégique pour l’économie du pays.