Un nouveau jalon a été franchi dans la quête du Mali pour l’indépendance énergétique avec le lancement officiel de la construction de la plus grande centrale solaire photovoltaïque d’Afrique de l’Ouest. Ce projet ambitieux est le fruit d’un partenariat entre le gouvernement malien et la société russe Novawind, filiale de l’agence russe d’énergie atomique Rosatom. Il promet de transformer le paysage énergétique du pays et de contribuer à son développement durable. Mais il pose aussi de nombreuses questions.
Située à Sanankoroba, près de Bamako, la centrale solaire aura une capacité de 200 mégawatts (MW), permettant d’augmenter de 10 % la production d’électricité nationale. S’étendant sur 314 hectares, elle sera composée de plus de 600 000 panneaux solaires et permettra d’alimenter environ 350 000 foyers maliens.
« Ce projet va changer beaucoup de choses« , a déclaré le ministre malien de l’Énergie et de l’Eau, Lankoudia Traoré, lors de la cérémonie de lancement. « Avec une centrale solaire d’une puissance de 200 mégawatts, nous aurons de l’électricité en abondance et les industries pourront fonctionner. »
Réduire la dépendance aux combustibles fossiles
La construction de la centrale solaire est un élément clé de la stratégie du Mali pour diversifier ses sources d’énergie et réduire sa dépendance aux combustibles fossiles. Le pays, qui connait une croissance démographique importante, a besoin d’une production d’électricité fiable et abordable pour soutenir son développement économique et social.
« L‘énergie solaire est une ressource abondante au Mali et ce projet permettra au pays de tirer pleinement parti de son potentiel« , a déclaré Grigory Nazarov, directeur de Novawind. « Nous sommes fiers de nous associer au gouvernement malien pour réaliser ce projet historique. »
La centrale solaire de Sanankoroba devrait être achevée d’ici fin 2025. En plus de produire de l’électricité propre, le projet devrait également créer des emplois et stimuler l’économie locale.
Ce projet illustre la coopération croissante entre le Mali et la Russie dans le domaine de l’énergie. Les deux pays ont signé un certain nombre d’accords ces dernières années visant à développer des projets énergétiques communs, notamment dans les domaines de l’énergie solaire, nucléaire et hydroélectrique. Le projet est aussi un signe tangible de l’influence grandissante de la Russie dans la sous-région.
Le potentiel solaire en Afrique
L’Afrique bénéficie de l’un des plus grands potentiels solaires au monde, avec une exposition solaire quasi-constante toute l’année. La mise en place de projets solaires à grande échelle comme celui de Sanankoroba est cruciale pour le continent, qui cherche à répondre à une demande énergétique croissante tout en réduisant son empreinte carbone.
Des pays comme l’Afrique du Sud, l’Égypte et le Maroc ont déjà fait des progrès significatifs dans l’adoption de l’énergie solaire. Le développement de l’énergie solaire permet non seulement de diversifier les sources d’énergie, mais aussi de fournir une électricité plus abordable et accessible aux populations rurales souvent non desservies par les réseaux électriques traditionnels. En investissant dans l’énergie solaire, l’Afrique peut aussi devenir un leader mondial dans la production d’énergie renouvelable.
Les risques de l’implantation russe en Afrique
Cependant, l’implantation croissante de la Russie en Afrique suscite des inquiétudes. Si les investissements russes dans des projets énergétiques peuvent offrir des opportunités économiques et technologiques, ils peuvent également comporter des risques géopolitiques. La dépendance accrue envers la Russie pour des infrastructures critiques pourrait limiter l’autonomie des pays africains dans leurs décisions énergétiques. De plus, des accords non transparents ou déséquilibrés pourraient engendrer des tensions locales et internationales.
La construction de la centrale solaire de Sanankoroba est un symbole fort de l’engagement du Mali à promouvoir un avenir énergétique durable et à contribuer à la lutte contre le changement climatique.