Le Malawi contre les vampires


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Drapeau du Malawi
Drapeau du Malawi

Au Malawi, des rumeurs accusent le gouvernement d’aider des vampires à collecter du sang pour des agences occidentales de lutte contre le sida en échange d’une aide humanitaire. Les autorités démentent et accusent l’opposition. Mais la peur persiste.

Le sud du Malawi est en proie à une crise aux allures fantastiques. Des rumeurs persistantes accusent depuis trois semaines le gouvernement d’aider des vampires à collecter du sang humain pour des organismes occidentaux de lutte contre le sida, en échange d’une aide humanitaire. Si le scénario paraît surréaliste, les conséquences n’en sont pas moins graves. Dans plusieurs villages, les populations ont pris peur et redoutent de voir apparaître Dracula à chaque coin de rue. A Blantyre, le gouverneur Eric Chiwaya, membre du Front démocratique uni (FDU), a été violemment attaqué et molesté mercredi soir dernier, soupçonné d’avoir hébergé des suceurs de sang.

L’opposition crucifiée

 » Cette rumeur a été montée de toutes pièces par des groupes d’opposition irresponsables qui veulent discréditer le gouvernement « , explique Rodrick Mulonya, le directeur adjoint du ministère de l’Information. Deux pistes sont évoquées. La première concerne Brown James Mpinganjira, l’ex-ministre de l’Education nationale, démis de ses fonctions par le président Bakili Muluzi et livré à la justice pour corruption en décembre 2000. Lavé de ces accusations, il avait crié à la conspiration politique. Il venait de menacer de révéler les noms des officiels corrompus du FDU.

La seconde hypothèse épingle une formation qui, reprochant au gouvernement malawite d’accepter le maïs transgénique des Etats-Unis, essaierait de monter la population contre lui.  » Il nous paraît tout naturel d’accepter cette nourriture. Comment laisser mourir de faim notre population alors que nous avons la possibilité de combattre la famine ?  » s’indigne Rodrick Mulonya. Qui poursuit :  » D’ailleurs, quelle organisation américaine accepterait, en échange de son aide, du sang qui, compte tenu de la situation médicale ici, risquerait d’être contaminé par le sida ?  »

La paranoïa du vampire

Il demeure que la paranoïa du vampire a engendré une vague de violence préoccupante dans les villes du sud. Des habitants de Thyolo ont battu à mort un homme puis grièvement blessé trois prêtres catholiques, tous accusés d’être des vampires et d’en vouloir à leur hémoglobine. La tente d’un centre de soins contre le sida a été détruite sous prétexte qu’elle servait de refuge aux suceurs de sang. Le gouverneur de Blantyre est la dernière victime de cette rumeur sanguinaire.

 » Ce sentiment de peur n’est basé sur rien, c’est de la pure pression psychologique « , insiste Rodrick Mulonya. Mais la rumeur est tenace, malgré les efforts du gouvernement pour calmer les imaginaires. Même le discours du président, censé apaiser ces peurs irrationnelles, n’y a rien fait. Plusieurs habitants ont récemment porté plainte auprès de la police pour avoir été attaqué par des suceurs de sang. Certains villageois refusent de sortir de chez eux craignant de faire de mauvaises rencontres. D’autres encore ne vont plus cultiver leur champ. L’histoire tourne au mauvais film d’horreur.

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