Le nouveau Clam sera disponible lundi dans les kiosques parisien. La revue internationale, fondée par le Nigérian Andy Amadi Okoroafor, consacre son treizième numéro aux îles. Un numéro qui rompt avec les idées reçues sur ces lieux dits « paradisiaques ». Interview.
Par Vitraulle Mboungou
Le très attendu Clam, magazine artistique du Nigérian Andy Amadi Okoroafor, sort lundi en kiosque à Paris. Enfin. Le magazine, qui défend la diversité culturelle, a décidé pour ce dernier numéro de nous faire découvrir les îles à travers les yeux ceux qui y vivent. Toujours très visuel, le magazine livre, avec l’aide de talentueux artistes internationaux, une vision originale et inattendue des îles aussi bien françaises, anglophones, hispaniques que japonaises. L’ancien directeur artistique de Virgin et co-fondateur de Clam, Andy Amadi Okoroafor a bien voulu répondre aux questions d’Afrik quant à la conception de cette nouvelle édition spéciale.
Afrik.com : Comment définirez-vous Clam ?
Andy Amadi Okoroafor : Clam est un magazine de création destiné aux gens qui sont authentiques. Notre objectif est d’inspirer le lecteur, le faire réfléchir, c’est pourquoi nous mettons beaucoup d’images dans notre magazine parce que les images parlent plus que les mots. Le visuel est très important pour nous, c’est le moyen le plus rapide pour transmettre des messages. Clam est très graphique. Nous avons finalement peu de texte. Le lecteur doit se faire sa propre opinion sur ce qu’il voit dans le magazine. Il n’y a pas non plus de voyeurisme, il s’agit d’images que chacun interprète comme il le souhaite. Chaque numéro représente un véritable challenge pour nous car nous essayons de faire toujours mieux.
Afrik.com : En ce sens, peut-on dire qu’il s’agit d’un magazine élitiste ?
Andy Amadi Okoroafor : Il n’est pas du tout élitiste, il n’y a aucun snobisme. Ce magazine est avant tout fait pour les gens qui veulent dépasser les limites pré-établies, inventer leur monde. D’ailleurs les Africains sont souvent surpris de voir que c’est un Noir qui est derrière Clam. Mais d’un autre côté, ils ne sont pas surpris car ils sentent les influences africaines.
Afrik.com : Pourquoi avez-vous décidé de faire ce dernier numéro sur les îles ?
Andy Amadi Okoroafor : J’aime beaucoup les îles, notamment les Antilles. Il y a beaucoup de choses intéressantes à voir et à visiter là-bas, en particulier au niveau des infrastructures. Mais malheureusement, ces îles ne sont jamais mises en valeur. On en parle très peu et quand c’est fait, c’est toujours des mauvaises images qui sont véhiculées autour d’elles. D’ailleurs pour le besoin de ce numéro, je n’ai pas eu de partenaires français ni antillais, aucun d’entre eux n’a voulu collaborer sur ce projet. Cela illustre parfaitement ce que je viens de vous dire. Les seuls qui ont accepté, ce sont les Haïtiens.
Afrik.com : Wyclef est l’un des partenaires haïtiens. Comment s’est passée votre collaboration ?]
Andy Amadi Okoroafor : Effectivement, Wyclef a été un de nos partenaires, mais je ne préfère pas en parler parce que dans Clam on ne parle pas de people. Et puis pour ce genre de partenariat ce sont souvent les people qui viennent à nous et non le contraire.
Afrik.com : Quel était votre but en consacrant ce numéro aux les îles ?
Andy Amadi Okoroafor : Lorsque j’ai eu cette idée de consacrer le prochain numéro de Clam aux îles. Je ne voulais d’un numéro où l’on ne parlerait que de l’eau, de la plage etc…C’est donc ce que nous avons tenté de faire. L’idée était que les gens expliquent leur île, qu’ils décrivent comment ils la perçoivent, qu’ils donnent leur vision… On a choisi les îles françaises (Martinique et Guadeloupe), hispaniques, (Puerto Rico), anglophones (Jamaïque), japonaises et brésiliennes. Nous voulions créer quelque chose à partir de différents models, quelque chose de différent où tout le monde puisse se retrouver. On peut dire qu’il s’agit là d’une démarche politique, dans le sens où l’on privilégie la diversité culturelle, le mélange de genre.
Afrik.com : Pourquoi le texte est en français et en anglais ?
Andy Amadi Okoroafor : C’est un magazine qui s’adresse à un public très large, un public international. Il est vendu partout dans le monde, Japon, Brésil, Italie, France, Etats-Unis…C’est pour cette raison que l’édito et la couverture sont derrière par exemple. C’est un clin d’œil à notre public japonais.
Afrik.com : Chaque magazine est conçu comme un collector. Pour quelle raison ?
Andy Amadi Okoroafor : Parce que chaque numéro est radicalement différent. Il renferme des idées, des pensées précieuses. Clam est un magazine de créativité qui inspire les autres. Nous sommes souvent sollicités. Il s’agit souvent d’étudiants qui sont dans la création, des agences…C’est en partie pour cette raison qu’il est aussi semestriel. Comme il faut à chaque fois innover. On a besoin de temps pour réfléchir aux sujets, faire un vrai travail de réflexion. Et puis comme nous sommes indépendants, nous n’avons pas de pression. On sort quatre magazines par an dont deux hors série, pas forcément sous le titre de Clam.
Afrik.com : Où peut-on se procurer ce dernier numéro?
Andy Amadi Okoroafor : Il n’est pas disponible dans tous les kiosques, on peut le trouver dans des kiosques spécialisés, notamment à la bibliothèque de Beaubourg, au musée d’Art moderne, au musée d’art décoratif (rue de Rivoli), au Palais de Tokyo et au Relais H de la gare du Nord. On a choisi ces lieux car c’est un magazine à destination d’un public international.
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