
Les rebelles du Mouvement du 23-Mars (M23) ont réussi à prendre le contrôle de la ville stratégique de Walikale, dans la province du Nord-Kivu, en République Démocratique du Congo (RDC). Cette prise de pouvoir, effectuée hier mercredi, survient dans un contexte de violence accrue dans l’Est du pays, une région marquée par des conflits récurrents autour des ressources minières.
Les rebelles du M23 ont lancé l’assaut contre Walikale, hier, après un appel à la paix lancé par les Présidents congolais, Félix Tshisekedi, et rwandais, Paul Kagame, lors d’un sommet à Doha, au Qatar, où les deux chefs d’État ont réitéré leur engagement en faveur d’un cessez-le-feu immédiat et d’une cessation inconditionnelle des hostilités. Selon des informations rapportées par Radio Okapi, la radio de l’ONU, cette avancée des rebelles s’est faite sans grande résistance, ce qui laisse supposer une occupation rapide de la ville.
Ce développement survient alors que la ville de Walikale était depuis plusieurs jours menacée par les rebelles, qui se livraient à des affrontements violents avec les troupes gouvernementales et des milices locales, connues sous le nom de Wazalendo, dans différents quartiers de la ville. Face à ces combats, de nombreux habitants ont été contraints de fuir vers des zones plus sûres, ce qui a aggravé la crise humanitaire dans la région.
Rencontre entre les Présidents Félix Tshisekedi et Paul Kagame à Doha
Walikale, situé à environ 125 kilomètres au nord-ouest de Goma, la capitale de la province du Nord-Kivu, est une ville riche en ressources naturelles, notamment en minerais d’étain. Cette richesse a fait de la région un terrain de convoitise pour les groupes armés, qui cherchent à s’emparer de ces ressources pour financer leurs activités. Le M23, un groupe rebelle qui a émergé en 2012, est notamment responsable de plusieurs avancées récentes dans l’Est de la RDC.
Ce groupe a réussi à prendre le contrôle de plusieurs villes stratégiques, dont Goma, le chef-lieu du Nord-Kivu, et Bukavu, la capitale du Sud-Kivu, lors de récentes offensives éclairs. L’attaque de Walikale se produit après la rencontre entre les Présidents Félix Tshisekedi et Paul Kagame à Doha le 18 mars. Lors de cette rencontre, les deux dirigeants ont renouvelé leur engagement envers le cessez-le-feu proposé par le sommet EAC-SADC de Dar Es Salam, tenu en février 2025.
Des milliers de personnes déplacées
Cependant, malgré ces promesses de paix, les contours d’un cessez-le-feu n’ont pas encore été définis de manière précise. Ce qui laisse présager que la situation reste tendue. Plus tôt ce mois-ci, les rebelles du M23 avaient également pris le contrôle de la ville de Nyabiondo, située à 110 kilomètres au nord-ouest de Goma. Ce siège a été marqué par de violents combats entre les forces gouvernementales et les milices pro-gouvernementales.
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À chaque avancée des rebelles, des milliers de personnes ont été déplacées, et cherchent refuge dans les territoires voisins ou dans les pays limitrophes. Situation qui exacerbe la crise humanitaire qui sévit dans la région depuis plusieurs années. Les autorités congolaises ont régulièrement accusé le Rwanda de soutenir le M23 en raison des intérêts miniers dans la région orientale de la RDC. Des rapports d’agences des Nations Unies ont renforcé ces accusations contre le Rwanda qui fournirait un appui militaire aux rebelles.
Échec de plusieurs tentatives de médiation
Toutefois, le Rwanda a rejeté ces allégations, affirmant que le M23 est un mouvement purement congolais, dirigé par des Congolais, bien que les membres du groupe parlent souvent le kinyarwanda, la langue du Rwanda. Kigali a également souligné qu’en 2012-2013, il avait désarmé les rebelles du M23 qui s’étaient réfugiés sur son sol et remis leurs armes aux autorités congolaises. Cette situation s’inscrit dans un contexte où plusieurs tentatives de médiation ont échoué.
La dernière tentative de négociation, lorsqu’une initiative angolaise avait pour objectif de réunir les autorités congolaises et les représentants du M23 à Luanda, en Angola. Cependant, cette réunion a été annulée après que la partie rebelle ait décidé de ne pas y participer. Malgré ce revers, le Qatar a organisé une rencontre le même jour entre les Présidents Tshisekedi et Kagame à Doha. Ce qui a permis d’enregistrer un engagement formel pour un cessez-le-feu immédiat et inconditionnel, bien que les détails pratiques de cet accord restent encore flous.