Le Nigeria a annoncé par la voie du porte-parole du Président Olusegun Obasanjo que le Liberia a formellement demandé l’extradition de Charles Taylor, en exil dans le pays. Accusé de crimes de guerre, durant la sanglante guerre civile qu’a connue la Sierra Leone, le tribunal pénal international de Freetown réclame la tête de l’ancien dictateur libérien.
Le Liberia a officiellement demandé ce vendredi l’extradition de Charles Taylor. L’annonce a été faite par Mme Remi Oyo, la porte-parole du président Olusegun Obasanjo dans un communiqué. « Conformément à son engagement de prendre en considération toute demande formelle d’un gouvernement libérien démocratiquement élu pour le retour de l’ancien président Charles Taylor, le président Olusegun Obasanjo a notifié aux présidents de l’Union Africaine (UA) et de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’ouest (Cedeao) que la présidente (Ellen) Johnson-Sirleaf avait bien adressé une telle demande », rapporte l’AFP. Les autorités nigérianes ont précisé que les Nations Unies étaient informées, mais n’ont pas précisé quand elles communiqueraient leur réponse à cette requête.
Une décision « africaine »
La Présidente du Liberia, Ellen Johnson-Sirleaf, actuellement en visite officielle aux Etats-Unis, s’était entretenue début février avec le Président nigérian. Dans une récente conférence de presse tenue à Paris, Mme Johnson-Sirleaf avait affirmé – ce qu’a encore indiqué le Nigeria- que la décision d’extrader M. Taylor serait prise en concertation avec les chefs d’Etats africains représentés au sein de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) et de l’Union africaine (UA). Et sans mettre en péril la « stabilité du Libéria ». Les présidents de l’UA, Denis Sassou Nguesso (Congo) et de la Cedeao, Mamadou Tandja (Niger), sont actuellement consultés par le Président nigérian.
Depuis le 11 août 2003, date à laquelle Charles Taylor a été contraint de quitter le pouvoir, l’ancien Président libérien a trouvé exil à Calabar, dans le sud du Nigeria. Un exil négocié par la communauté internationale contre le retour de la paix au Liberia après 14 ans de guerre civile. Mais le Tribunal spécial pour la Sierra Leone (TSSL), compétent pour juger des crimes qui ont eu lieu durant la guerre civile en Sierra Leone (1991-2001), a demandé qu’il lui soit livré. Charles Taylor est accusé d’avoir vendu des diamants et acheté des armes pour le compte du Front Révolutionnaire Uni (RUF), mouvement rebelle qui a commis de nombreuses atrocités pendant la guerre. Les hommes du RUF se sont en effet illustrés dans la barbarie : ils découpaient, entre autres, les bras et les jambes des civils qui avaient le malheur de croiser leur chemin. Le tribunal pénal de Freetown a inculpé treize personnes dont neuf sont déjà à sa disposition. Les inculpations concernant l’ex-chef du RUF, Foday Sankoh, et de son adjoint Sam Bockarie ont été retirées après leur mort.
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