Les deux régimes s’accusent mutuellement d’être à l’origine des combats meurtriers qui secouent la région frontalière.
La guerre des communiqués continue entre la Guinée et le Liberia. De même que les combats sur leurs frontières respectives. Conakry accuse le régime du président Charles Taylor de soutenir la rébellion qui mène des attaques sur son territoire depuis plus d’un mois, faisant de sources officielles au moins 340 morts et des milliers de réfugiés. De son côté, le Liberia affirme que les dissidents qu’il combat dans le Nord se servent du territoire guinéen comme base arrière.
Mercredi 18, le ministre libérien de la Défense Philibert Browne, a démenti catégoriquement les déclarations de son homologue en poste à Conakry faisant état d’un hélicoptère de combat libérien abattu par l’armée guinéenne. L’appareil aurait été abattu alors qu’il participait à une opération de bombardement sur le territoire de la Guinée.
Le week-end dernier, le ministre de l’intérieur guinéen, Moussa Solano a déclaré que son pays était en » état de guerre » contre le Liberia quatre jours après une nouvelle attaque contre la sous-préfecture de Koyamah.
Dix jours auparavant, le vice-président libérien M Moses Blah, a annoncé que ses troupes, lancées dans une contre-offensive pour reprendre la ville de Zorzor (Nord-Est du pays), avaient mis hors d’état de nuire » plusieurs soldats guinéens « .
La peur de la cinquième colonne
Cette guerre par mercenaires interposés est en train de tourner à un véritable conflit ouvert entre deux régimes qui se détestent. Une guerre qui menace de déstabiliser toute la sous-région, déjà fortement affectée par la situation en Sierra Leone et l’instabilité politique ivoirienne. La police libérienne a annoncé qu’elle avait arrêté un employé de la compagnie aérienne guinéenne, soupçonné de livrer des informations à la Guinée, grâce à une radio à ondes courtes. Monrovia a également protesté contre le saccage de son ambassade à Conakry par des membres de l’armée guinéenne.
La plus totale des confusions règne à la frontière guinéo-libérienne, aggravée par les flots de réfugiés issus de Sierra Leone qui viennent se mêler aux populations fuyant les combats et l’état de désorganisation des forces armées en présence. Sur le territoire guinéen, nombre de témoins oculaires ont constaté que des éléments de l’armée nationale n’hésiteraient pas à dresser des barrages, » réquisitionnant » les biens que les réfugiés avaient réussi à cacher aux » rebelles « .
Des troupes de » volontaires » envoyées par le régime de M. Lansana Conté, mal armées et sans préparation militaire ajoutent à la confusion. Les désertions se multiplieraient. Une colonne de réfugiés sierra-léonais aurait fait les frais des ardeurs de ces volontaires qui les confondent volontiers avec leurs adversaires, faisant un nombre indéterminé de morts et de blessés.