L’humour est peu présent dans les médias au Togo. C’est fort de ce constat que le directeur de la chaîne TV2, Ouro-Bang’na Youwessodjo, qui diffuse depuis trois ans l’émission « Labo du rire », a décidé en mai de lancer un concours national de l’humour. L’objectif, permettre aux jeunes talents de se faire connaître du grand public.
Les Togolais s’apprêtent à rire aux éclats. Le concours national de l’humour, organisé pour la première fois dans le pays, est très attendu. Il a été lancé en mai par le directeur de la chaîne privée TV2, Ouro-Bang’na Youwessodjo, pour aider les jeunes talents inconnus du public à percer. Les meilleurs humoristes de chaque région ont été sélectionnés jusqu’au 8 mai. Ils concourront lors de la grande finale prévue en juillet au palais des Congrès, où un jury désignera l’humoriste togolais de l’année. L’heureux élu se verra attribuer une voiture. « Aucun des participants ne sera perdant. Tous les finalistes seront suivis dans leurs démarches pour faire carrière. Nous prévoyons également d’organiser une rencontre entre le lauréat et des humoristes de renommée internationale, tels que Djamel Debbouze », explique Ouro-Bang’na Youwessodjo.
Sans le lancement en 2007 de l’émission « Labo du rire » sur TV2, le concours n’aurait sans doute jamais eu lieu. L’humoriste Hervé Djessoa, 27 ans, qui en est aussi l’animateur, est à l’initiative de ce concept. « Je reçois tous les jours de jeunes humoristes sur le plateau qui abordent divers sujets concernant l’actualité, la politique, la société, la culture, le sport, l’économie », explique le jeune homme, qui anime les débats du lundi au samedi de 15h à 16h, puis de 18h à 19h et le dimanche à 20h30. Hervé Djessoa, qui s’est rendu compte que le Togo n’avait aucune émission de ce genre, a lancé ce projet dans l’objectif de faire « quelque chose de différent qui puisse intéresser le public. Nous parlons de tout. Il nous est même arrivé de rire de l’équipe nationale de football qui a connu pas mal de déboires ». Il admet également s’être inspiré des « Guignols de l’info » diffusés en France sur Canal+. « L’émission a une rubrique intitulée le journal du labo qui fait référence aux Guignols. Mais l’idée n’est pas de faire la même chose que les autres car nous tenons à garder notre authenticité ».
« L’humour est un canal très puissant de communication»
Avec un master de droit des affaires en poche, Hervé Djessoa était loin d’imaginer qu’il se retrouverait un jour sur un plateau de télévision à animer sa propre émission. « Je suis passionné par l’humour depuis l’âge de 7 ans. Je me suis formé sur le tas, je participais à des spectacles, je suivais des humoristes. Au départ je le faisais juste pour m’amuser. C’est après avoir décroché mon bac que j’ai décidé de me professionnaliser, tout en continuant mes études », raconte-t-il.
Mais convaincre les chaînes de télévision togolaises de diffuser son émission n’a pas été une tache facile. Le jeune homme s’est heurté à plusieurs refus avant que TV2 n’accepte de lui donner sa chance. « Seul TV2 a pris le risque de se lancer dans une telle aventure. Toutes les autres chaînes craignaient que les politiques ne leur tombent dessus ». Un risque qu’à pris Ouro-Bang’na Youwessodjo. « Au départ nous redoutions un peu la réaction des politiques. Mais contre toute attente, ils ont fini par accepter l’émission car ils l’apprécient vraiment. D’ailleurs, le chef de l’Etat encourage la liberté d’opinion tant que nous n’atteignons pas l’intégrité des personnes », assure le directeur de TV2.
« Nous avons découvert que l’humour est un canal très puissant de communication et d’information », poursuit-il. « L’humour joue un rôle important au Togo. Il permet aux gens de se distraire mais aussi de corriger leur comportement. Parfois ils se reconnaissent dans les thèmes que nous abordons », estime-t-il. L’objectif est aussi, selon lui, de « sensibiliser les Togolais sur les maux de la société. Utiliser l’humour pour parler de certaines choses est parfois plus simple ».
Les ambitions de Hervé Djessoa et Ouro Bang’na Youwessodjo, pour promouvoir l’humour dans leur pays, ne s’arrêtent pas là. Ils rêvent de créer une école qui permettrait aux jeunes talents de se perfectionner. Une initiative d’envergure qui pourrait aboutir, un jour, à la reconnaissance internationale d’un humoriste togolais.