Le Kenya renforce sa mission de soutien à la sécurité en Haïti avec 217 policiers supplémentaires


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Contingent de la police kényane
Contingent de la police kényane

Le Kenya a annoncé, samedi, l’envoi de 217 policiers supplémentaires en Haïti, dans le cadre d’une mission multinationale visant à soutenir la sécurité dans le pays caribéen en proie à une violence chronique liée aux gangs armés. Cette nouvelle contribution vient renforcer le premier contingent de 400 policiers kenyans déployés l’année précédente. Une initiative qui fait partie des efforts internationaux pour lutter contre l’escalade de la violence dans cette nation.

Restaurer l’ordre face à l’emprise des gangs

Le ministre kényan de l’Intérieur, Kipchumba Murkomen, a confirmé cette information via un message sur le réseau social X. il a précisé que l’arrivée de ces policiers faisait suite à un premier envoi, l’année précédente. La mission multinationale d’appui à la sécurité (MMAS), placée sous l’égide de l’ONU, a pour objectif de restaurer l’ordre face à l’emprise des gangs, qui contrôlent une grande partie de la capitale, Port-au-Prince. Murkomen a également salué les résultats positifs de la mission. Il a affirmé que des progrès significatifs avaient été réalisés dans la lutte contre les gangs, malgré la persistance de la violence.

Les gangs haïtiens, selon les Nations Unies, dominent environ 85% de Port-au-Prince et d’autres zones du pays, où leur pouvoir de terreur continue de se renforcer. Les autorités haïtiennes et internationales comptent sur l’intervention de la mission multinationale, dont les forces kényanes constituent l’épine dorsale, pour endiguer cette violence et restaurer un minimum de stabilité dans un pays qui traverse une grave crise.

Des chiffres alarmants

La situation à Haïti demeure extrêmement préoccupante. En 2024, plus de 5 600 personnes ont été tuées dans des violences liées aux gangs, soit une augmentation de 1 000 décès par rapport à l’année précédente. Le pays fait face à un déplacement massif de populations, avec plus d’un million de personnes contraintes de fuir leur domicile, un chiffre qui a triplé en seulement un an. Selon l’Organisation Internationale pour les Migrations (OIM), ces déplacements constituent le plus grand nombre jamais enregistré en raison de la violence en Haïti.

Les autorités haïtiennes, confrontées à une incapacité à maintenir la sécurité intérieure, ont demandé un soutien international plus important. En septembre 2024, le Conseil de sécurité de l’ONU a prolongé le mandat de cette mission multinationale, sans pour autant évoquer la possibilité de transformer cette mission en une force de maintien de la paix à part entière, comme le souhaitaient certaines autorités haïtiennes.

Une mission kényane qui ne fait pas l’unanimité

Le déploiement de ces policiers kényans n’a pas fait l’unanimité. L’initiative a été vivement critiquée, notamment au Kenya, où des voix se sont élevées contre l’envoi de forces de sécurité à l’étranger, dans un contexte marqué par des préoccupations internes liées aux droits de l’homme. En effet, des organisations telles qu’Amnesty International et Human Rights Watch ont souligné l’usage excessif de la force et les violations des droits humains, notamment lors des manifestations anti-gouvernementales qui ont eu lieu au Kenya, en juin dernier, au cours desquelles plusieurs dizaines de manifestants ont perdu la vie.

Le financement de cette mission a également été un sujet de débat, avec des interrogations sur la transparence et la viabilité à long terme de cette opération. Les ONG appellent à un encadrement plus strict et à une évaluation continue de la mission afin d’éviter des dérives similaires à celles observées dans d’autres interventions internationales.

Genèse des tensions en Haïti

En Haïti, la violence des gangs est le produit d’une combinaison de facteurs historiques, politiques et économiques. Depuis la chute de Jean-Bertrand Aristide, en 2004, le pays a plongé dans un état d’instabilité chronique, avec des institutions faibles, une gouvernance chaotique et des inégalités sociales profondes. Les gangs ont profité du vide sécuritaire pour s’imposer et exercer une domination quasi totale sur certaines régions, notamment la capitale.

La pauvreté extrême, l’absence de services publics de qualité et la corruption généralisée ont aggravé la situation. Les jeunes, sans perspective d’avenir, ont rejoint les rangs des groupes armés et ont renforcé leur pouvoir. La politique locale, minée par les rivalités, a également facilité l’émergence de gangs, qui trouvent dans cette confusion un terrain propice. L’incapacité de l’État haïtien à contrôler la situation et à instaurer l’ordre a entraîné un appel à l’aide internationale, avec la mission kényane en première ligne.

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Très attaché à l’Afrique Centrale que je suis avec une grande attention. L’Afrique Australe ne me laisse pas indifférent et j’y fais d’ailleurs quelques incursions
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