Nairobi, la capitale kényane, a été le théâtre de manifestations sans précédent ce mardi 25 juin. Des milliers de jeunes, réunis sous la bannière du mouvement « Occupy Parliament« , ont envahi l’enceinte parlementaire, exprimant leur colère face à un projet de budget controversé.
Ce budget prévoit des hausses de taxes sur plusieurs produits de première nécessité, une décision qui a provoqué une vague de mécontentement généralisé à travers le pays. Arborant des drapeaux kényans et des pancartes dénonçant les mesures du président William Ruto, les manifestants ont pris d’assaut le Parlement et ont transformé une manifestation pacifique en un chaos violent.
Des tirs à balles réelles et un bilan tragique
La situation a dégénéré rapidement lorsque les manifestants ont forcé les barrages de police pour pénétrer dans le Parlement. La police, débordée, a répondu par des tirs à balles réelles, faisant au moins cinq morts et plusieurs dizaines de blessés. Des images diffusées par les médias montrent des scènes de violence intense : des salles saccagées, des fenêtres brisées et des jardins jonchés de mobilier fumant. Amnesty International Kenya et d’autres ONG ont confirmé ces chiffres tragiques, dénonçant l’usage disproportionné de la force par les forces de l’ordre.
La montée des violences et une répression accrue
Les tensions ont continué de monter tout au long de la journée. Au départ, la police a tenté de contenir les manifestants avec des gaz lacrymogènes et des balles en caoutchouc, mais la situation a rapidement échappé à leur contrôle. Les manifestants, majoritairement jeunes, ont résisté avec détermination, refusant de quitter les lieux malgré la violence. La réaction de la police s’est durcie, culminant avec des tirs à balles réelles qui ont fait de nombreuses victimes. Les ONG rapportent également des enlèvements et des arrestations massives de leaders présumés du mouvement.
Un mouvement pacifique qui dégénère
Le mouvement « Occupy Parliament« , initié par la « Génération Z » sur les réseaux sociaux, était à l’origine pacifique. Il visait à protester contre les nouvelles taxes prévues dans le budget 2024-2025, notamment une TVA de 16 % sur le pain et une taxe annuelle de 2,5 % sur les véhicules particuliers.
Bien que le gouvernement ait annoncé le retrait de certaines mesures, les manifestants ont poursuivi leur mobilisation. Ils exigent l’abandon complet du projet de loi. Ils accusent le président Ruto de les avoir trahis et de chercher à compenser le retrait de certaines taxes par des augmentations d’autres impôts, notamment sur les carburants.
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— Kip Cheer Cheer (@MT_Takbir) June 26, 2024
Une pression internationale et des appels au calme
Face à l’ampleur de la violence, la communauté internationale a réagi. Les États-Unis, l’Union africaine et plusieurs pays européens ont exprimé leur inquiétude et appelé au calme. Le président Ruto, dans une adresse à la nation, a promis de réprimer fermement ce qu’il a qualifié de « violence et d’anarchie ». Toutefois, les manifestants restent déterminés à se battre pour leurs droits et contre la vie chère, soulignant le profond mécontentement qui règne dans le pays.
Un pays en crise économique
Le Kenya traverse une période de crise économique sévère. Avec une inflation de 5,1 % en mai, les prix des produits alimentaires et des carburants ont augmenté de manière significative, aggravant la situation pour une population déjà éprouvée par le chômage et la pauvreté.
Les jeunes, qui représentent une grande partie des manifestants, sont particulièrement touchés, avec un taux de chômage de plus de 30 %. Pour beaucoup, ces manifestations sont une ultime tentative de faire entendre leur voix et de réclamer un changement radical de politique.
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— Dr. Koloni D. Koloni (@KoloniD) June 26, 2024