24 heures après l’attentat sanglant de Batna, qui a coûté la vie à 22 citoyens algériens et en a blessé plus d’une centaine, les conditions de cette tentative d’assassinat contre Abdelaziz Bouteflika sont mieux connues.
Le déroulé des événements est maintenant précis. Alors qu’un rassemblement populaire se préparait pour accueillir le président algérien au centre de Batna, capitale des Aurès, le kamikaze a tenté de se glisser au premier rang des sympathisants et des curieux maintenus par un cordon de sécurité le long de la route que devait emprunter le cortège.
Son comportement nerveux et le sac en plastique qu’il transportait suscitèrent alors la suspicion et l’inquiétude de ses voisins, qui attirèrent l’attention des policiers sur cet individu. Redoutant d’être découvert, le terroriste perdit brutalement son sang froid et prit la fuite, jetant sur la chaussée le sac qui contenait la bombe, qui explosa immédiatement.
Abou Mokdad, kamikaze de 28 ans…
Noureddine Yazid Zerhouni, Ministre de l’intérieur algérien, a affirmé vendredi 7 septembre dans l’après-midi que le kamikaze avait alors été abattu dans sa fuite par les policiers, et que son corps avait fait l’objet d’une première reconnaissance.
Il s’agirait d’un islamiste connu sous le nom « d’Abou Mokdad », âgé de 28 ans environ, qui faisait partie d’un groupe terroriste actif depuis 3 ans à l’Ouest de l’Algérie, mais qui a été contraint sous la pression de la répression de se déplacer à l’Est, vers Batna… Au-delà de son pseudonyme, l’identité réelle du terroriste devrait être connue dans quelques jours, après examen de ses tests ADN.
Abdelaziz Bouteflika en ligne de mire
L’horreur du bilan de l’attentat, 22 morts et 107 blessés exactement, ne doit pas masquer l’échec de cette opération soigneusement préparée, qui avait pour première cible le président algérien Abdelaziz Bouteflika lui-même. Depuis l’assassinat en juin 1992 du président Mohamed Boudiaf à Annaba par M’barek Boumarafi, qui était membre de la garde présidentielle, c’est la première fois qu’un président algérien est directement visé par un attentat.
Au-delà de la portée symbolique de ce crime et de la désorganisation que son succès aurait entraînée, l’acte a une dimension politique importante : même si la première réaction des habitants de Batna a été de manifester fortement leur soutien à Abdelaziz Bouteflika et leur haine du terrorisme islamique, l’explosion de cette bombe destinée au président algérien est en réalité un revers pour celui qui avait fait le pari de l’éradication des islamistes par la réconciliation nationale et la main tendue aux anciens terroristes. C’est la raison pour laquelle le président algérien a immédiatement réaffirmé qu’il ne changerait pas de route et que la « concorde civile » était la seule voie possible.
Le soutien unanime de la communauté internationale
Très rapides, les messages de soutien, de sympathie, de solidarité et d’émotion ont afflué vers Batna, venant de la plupart des pays voisins de l’Algérie, en particulier l’Espagne, la France, le Maroc, sans oublier des puissances plus éloignées, comme la Russie. Rodriguez Zapatero a exprimé « sa solidarité et sa condamnation la plus ferme de cet acte barbare » ; Nicolas Sarkozy a pris des nouvelles de son homologue algérien vendredi matin, par téléphone, lui réitérant « son amitié, sa compassion, et la compassion des Français à l’égard des victimes et de leurs familles... ».
Mohammed VI, « profondément ému« , a exprimé « sa condamnation totale » du terrorisme, « véritable ennemi commun à nos peuples frères et à leurs valeurs ancestrales« … Tandis que le Président russe Vladimir Poutine condamnait « fermement » l’attentat en proposant un renforcement de la coopération russo-algérienne dans la lutte contre les actes terroristes.
Des réactions exceptionnellement nombreuses et vives
Le Haut Représentant de l’Union européenne pour la politique étrangère et la sécurité commune, Javier Solana, a tenu à exprimer au peuple algérien « l’entière solidarité » de l’Union européenne. De son côté, la Ligue Arabe a également « vigoureusement condamné » l’attentat, réaffirmant à l’Algérie sa « totale solidarité dans la lutte contre le terrorisme« .
L’ampleur des réactions internationales met en évidence l’émotion particulière qui a partout été ressentie, l’inquiétude rétrospective quant au sort qui aurait pu frapper Abdelaziz Bouteflika, et l’angoisse de voir l’Algérie retomber, après une demi-douzaine d’années de calme, dans le chaos de la décennie de cendres 1992-2002.
Voir aussi :
Les islamistes algériens frappent à Batna
et :
Les obsèques des victimes vendredi 7 septembre en présence de Bouteflika
L’analyse du Figaro