Samuel Wazizi est mort, rapportent des sources proches de la haute hiérarchie militaire. Il pourrait avoir subi des sévices. Transféré à Yaoundé pour des soins, il est décédé avant de pouvoir être soigné, ont révélé mardi soir nos confrères d’Equinoxe Tv.
Selon Equinoxe TV, la chaîne de télévision privée, le journaliste Samuel Wazizi aurait été interpellé le 2 août 2019 à Buea (Sud-Ouest du Cameroun) par le 31e Bataillon d’Infanterie Motorisé (BIM). Il était depuis détenu au secret.
Samuel Abuwe Ajiekha, plus connu sous le nom de Wazizi, présentait une émission en Pidgin, une langue à base de l’anglais et largement parlée au Cameroun. Ses émissions traitaient abondamment des sujets sur la crise anglophone. Il était soupçonné par ses bourreaux de complicité avec les sécessionnistes.
Pendant près d’un an, ses proches et conseils n’ont pas pu entrer en contact avec lui. Il n’avait jamais été présenté devant un tribunal.
D’après les informations recueillies par RSF, le journaliste est accusé d’avoir tenu des propos critiques sur sa chaîne à l’égard des autorités et de leur gestion de la crise dans les régions anglophones du Cameroun. Le conflit entre les séparatistes, les partisans d’une plus grande autonomie de ses régions et l’armée camerounaise a fait plus de 3 200 morts et 700 000 déplacés depuis trois ans.
« La détention au secret de ce journaliste et l’absence totale de nouvelles le concernant nous font craindre le pire. Si ce journaliste est encore vivant, rien ne justifie qu’il soit détenu par l’armée sans accès à ses proches ou à ses avocats et sans avoir été présenté à une cour de justice. Sa détention s’est effectuée en dehors de toute procédure légale et au détriment des principes de droit les plus élémentaires », déclarait Arnaud Froger.
Le responsable du bureau Afrique de RSF ajoutait : « Si aucune preuve de vie n’est fournie et que le journaliste n’apparaît pas lors de l’audience ce jeudi, les craintes sur son sort n’en seront que renforcées. Nous demandons aux autorités camerounaises de mettre fin à ces longs mois de silence en faisant toute la lumière sur cette affaire ».
Ce décès vient relancer le débat autour de la liberté de la presse au Cameroun. Et celui-ci a perdu trois places et occupe désormais la 134e position sur 180 au Classement mondial de la liberté de la presse établi en 2020 par RSF.