Des journaux angolais et cap-verdiens accusent l’écrivain Fernando Pessoa de racisme. Des critiques totalement infondées comme l’explique le chercheur José Barreto.
Dans le Jornal de Angola, Luzia Moniz, présidente de la Plate-forme pour le développement de la femme africaine, a critiqué le poète dans un texte d’opinion: « Je ne sais pas si Pessoa est un bon poète ou non » a-t-elle déclaré, mais il aurait dans se ouvrages de jeunesse considéré que « L’esclavage est logique et légitime ».
Est-il encore permis à un pays de langue portugaise de nommer un programme d’échange d’étudiants entre des pays de la Communauté du nom de Fernando Pessoa ? L’auteur du Livre de l’intranquillité qui est dans le gotha des plus grands écrivains mondiaux et peut être le plus célèbre poète en langue portugaise aurait tenu des propos racistes. C’est ce que pensent des intellectuels angolais qui souhaitent rebaptiser un programme d’échange étudiant.
La controverse est survenue alors qu’un journal du Cap-Vert a publié une tribune intitulée « Les intellectuels angolais contre le choix de Fernando Pessoa comme parrain du projet CPLP« . Le journal rappelle que Fernando Pessoa aura fabriqué, au cours de sa jeunesse (l’auteur avait alors 28 ans), des idées racistes à l’égard de certains peuples africains. Dans le texte en question, Pessoa aurait déclaré qu’il considérait l’esclavage comme « logique et légitime« .
Mais cette polémique est stérile et infondée explique le chercheur José Barreto: « Depuis les années 1980, des centaines de choses que Pessoa n’avait jamais pensé publier ont été publiées, de nombreux lecteurs ne font tout simplement pas la distinction entre ce qu’il a donné ou voulu donner à la postérité et ce qu’il a simplement jeter dans la valise dans laquelle il conserva tout ce qu’il écrivait, même certaines bêtises gribouillées sur papier, éventuellement avec quelques verres ».
Pour ce spécialiste de Fernando Pessoa, il existerait bien plusieurs écrits, presque toujours « de petits et fragmentaires récits de choses qui n’ont jamais eu lieu » dans lesquels Pessoa défend l’esclavage. Il prévient cependant que cela se produit « dans une sorte d’exercice dialectique ou rhétorique intime, parfois irrité, toujours provocant« . Pr ailleurs précise-t-il, dans aucun de ces texte Pessoa ne fait référence aux Noirs ni à aucune race et l’accusation de racisme est donc totalement infondée.
José Barreto poursuit son explication et précise que dans plusieurs textes, Pessoa explique que lorsqu’il parle d’esclavage, il le fait non en pensant au système coloniale, mais en référence à la classe ouvrière moderne, dont il parle presque toujours avec mépris. Il a déclaré que les syndicalistes avaient la mentalité d’esclaves parce qu’ils se soumettaient à l’autorité de leurs dirigeants politiques sans réfléchir.
Il y a même des écrits de Pessoa pour condamner les théories raciales et même le colonialisme conclu José Barreto en faisant référence à un texte de Fernando Pessoa sur l’invasion de l’Abyssinie par l’Italie fasciste.
Il faut donc continuer à lire les œuvres de Pessoa qui disait justement dans le Livre de l’Intranquillité : La liberté, c’est la possibilité de s’isoler. Tu es libre si tu peux t’éloigner des hommes sans que t’obliges à les rechercher le besoin d’argent, ou l’instinct grégaire, l’amour, la gloire ou la curiosité, toutes choses qui ne peuvent trouver d’aliment dans la solitude ou le silence. S’il t’est impossible de vivre seul, c’est que tu es né esclave. Tu peux bien posséder toutes les grandeurs de l’âme ou de l’esprit : tu es un esclave noble, ou un valet intelligent, mais tu n’es pas libre.