Aïssatou Thiam raconte l’histoire de sa vie dans Un grand éclat de rire. Un livre qui retrace son itinéraire, de Dakar à Marseille, de Paris au Cap, de New York à Fort-de-France, de l’ombre à la lumière. L’actrice française y dévoile aussi sa quête identitaire, la longue appropriation de ses racines africaines et antillaises.
« Je n’ai pas d’autre devise, pas d’autre choix réel que la quête de l’intensité » Ces quelques mots résument bien la vie d’Aïssatou Thiam, sa marche forcée vers le bonheur et la réalisation d’un destin lumineux. Dans Un grand éclat de rire, l’autobiographie quelle publie aux éditions Pascal Galodé, elle livre un itinéraire singulier, avec une fraîcheur et une sincérité rares. Esthéticienne, mannequin international, puis actrice, Sylvianne Aïssatou Thiam est un visage aujourd’hui familier pour les amoureux de cinéma et de fictions télévisées. Cependant, nul n’aurait pu lui prédire, quarante ans plus tôt, une telle ascension tant son enfance et son adolescence ont été chaotiques.
Tout commence en 1966, à Dakar, où elle naît d’une mère martinico-algérienne et d’un père sénégalais promis à une brillante carrière politique. Malheureusement, un an et demi plus tard, la mère d’Aïssatou, victime d’un accident de voiture, devient paraplégique. Abandonnée par son époux, elle se retrouve chez ses parents à Marseille avec ses quatre filles. Peu après, elle s’éteint, laissant Aïssatou à la charge de son père. Ce grand-père martiniquais est le « héros » de l’auteur, le personnage qui a le plus durablement structuré son existence. « De tous les adultes, c’est tout de même papy qui m’a ouvert le plus longuement le chemin de la vie », estime-elle.
Aïssatou Thiam, des bras de « papy » courage aux affiches de cinéma
Les quartiers Saint-Louis et du Panier, le boulevard Bernabo, le Vieux-Port… A Marseille, elle marche dans les pas de cet ancien marin, fils d’une esclave affranchie, qui, foudroyé par l’amour au cours de l’un de ses nombreux périples, avait épousé une juive pied noir d’Alger. Elle s’inspire de sa générosité, de son abnégation, de son courage. Mais la maladie l’arrache de ses bras. Elle se retrouve dans un foyer de la DASS puis, quand meurt le vieil homme, en 1983, sous la tutelle de sa sœur aînée, Jocelyne. Les jeunes filles se débrouillent comme elles peuvent pour joindre les deux bouts, et Aïssatou, bonne élève mais sans ambition particulière, s’inscrit à une formation d’esthéticienne.
Devenue adulte, Aïssatou est une femme d’une grande beauté. Une beauté dont elle n’est pas encore consciente, mais qui attire le regard de Mike. Il la persuade de rejoindre une agence marseillaise, puis de fil en aiguille elle est remarquée par des couturiers de plus en plus prestigieux. Son rayonnement et son professionnalisme lui permettent de défiler pour Loris Azzaro, Paco Rabanne, Christian Lacroix, Yves Saint-Laurent, Givenchy et bien d’autres créateurs dans les plus grandes capitales des cinq continents. Cependant, elle n’accorde pas une grande place, dans son livre, à cette partie de sa vie. Elle privilégie son métier d’aujourd’hui, le cinéma. En 2001, elle participe à son dernier défilé et se plonge corps et âme dans le travail d’actrice qu’elle avait découvert huit ans plus tôt, dans L’irrésolu, le premier film où elle avait joué, aux côtés de Vincent Lindon.
À la découverte de soi-même
Un grand éclat de rire retrace un parcours de vie. Il est aussi une réflexion passionnante sur l’identité. Sylvianne Aïssatou Thiam raconte comment, jeune française noire de Marseille, elle s’est appropriée ses racines africaines et antillaises. Une quête que la lecture, les voyages et les rencontres lui ont permis d’assouvir. Le feuilleton télévisé, Tropiques amers (France 3, 2007), dans lequel elle incarne le rôle de Rosalie, une esclave créole, lui permet de découvrir la Martinique et la réconcilie définitivement avec ceux de ses ancêtres qui ont connu la servitude.
« Est-ce bien utile d’ajouter mon histoire à la suite de tous ces ouvrages autobiographiques qui envahissent les librairies ? », a demandé Aïssatou Thiam à l’écrivain Marc Tardieu qui l’incitait à écrire cet ouvrage. Le résultat prouve qu’elle a eu cent fois raison d’accepter sa proposition. Un grand éclat de rire est un récit optimiste et attachant qui ouvre « des pistes d’espoir » à tous ceux qui ne croient pas assez fort en leur bonne étoile.
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