Une ONG sud-africaine d’aide aux malades du sida attaque le gouvernement devant un tribunal de Pretoria pour le contraindre à fournir aux services publics de santé un traitement limitant la transmission du virus du sida de la mère à l’enfant.
Le gouvernement sud-africain se retrouve sur le banc des accusés. Aujourd’hui, s’ouvre à Pretoria son procès, intenté par l’Organisation non-gouvernementale (ONG) d’aide aux malades du sida, Treatment Action Campaign (Tac). Cette dernière demande au gouvernement de rendre la Névirapine, un médicament limitant la transmission du virus du sida de la mère à l’enfant, coûtant 10 rands (1 dollar), accessible à tous les hôpitaux et les cliniques accueillant des femmes enceintes porteuses du virus du sida.
La Tac veut également contraindre le gouvernement à mettre en place une » politique claire de prévention du virus de la mère à l’enfant « , avec notamment la mise en place de stocks de lait en poudre afin d’éviter la transmission du virus par le lait maternel.
70 000 bébés séropositifs
En effet, dans la droite ligne de la position – très controversée – que défend le président sud-africain sur le sida depuis deux ans, le gouvernement refuse toujours de distribuer les médicaments anti-rétroviraux dans le service public de santé. En octobre dernier, Thabo Mbeki avait déclaré devant le Parlement sud-africain que » les traitements anti-rétroviraux deviennent aussi dangereux que la maladie qu’ils sont censés traiter « .
Chaque année, 70 000 bébés naissent séropositifs en Afrique du Sud et, selon une étude officielle menée en 2000, 24,5% des femmes enceintes du pays sont séropositives. La Tac accuse le gouvernement d’agir de façon anticonstitutionnelle en refusant de donner de la Névirapine à ces femmes. Pour le moment, seulement 10% des femmes enceintes infectées ont accès au médicament, dans le cadre de centres de recherche et de test mis en place par le gouvernement dans les neuf provinces du pays.
Nouvelle donne
Insuffisant pour la Tac. Cette politique serait discriminatoire, notamment envers les femmes les plus pauvres et les médecins qui tentent de les soigner sans pouvoir leur administrer le médicament. Pour pallier ce problème, l’ONG demande au gouvernement la mise en place nationale du traitement – qu’elle a évalué à 160 millions de rands – d’ici à trois mois.
La donne a donc changé : alors que la Tac était aux côtés du gouvernement sud-africain lors de la victoire sur les 39 groupes pharmaceutiques – ce qui avait permis à l’Afrique du Sud d’utiliser des médicaments génériques bon marché -, elle se retrouve aujourd’hui à favoriser le groupe pharmaceutique fabricant la Névirapine… contre le gouvernement sud-africain.