Le gouvernement kenyan a posé de nouveaux obstacles à un accord sur le partage du pouvoir qui devait être passé mardi, en déclarant que les propositions américaines d’un gouvernement de coalition étaient « contre-productives ».
Le gouvernement a insisté sur le fait que la Constitution kenyane ne contenait pas de dispositions pour un gouvernement de coalition et averti qu’il n’est pas prêt à se ranger aux termes « dictatoriaux » d’un autre gouvernement.
Le ministre des Affaires étrangères kenyan, Moses Wetangula, a rejeté l’appel du président américain George Bush à un accord de partage du pouvoir pour mettre fin à la crise post-électorale, en déclarant que ce genre d’accord n’était pas prévu dans la Constitution.
En s’exprimant dimanche en prévision de la visite au Kenya de la secrétaire d’Etat américaine Condoleezza Rice, M. Wetangula a indiqué que Nairobi ne se laisserait pas dicter le genre de règlement politique qu’il faudrait pour sortir le Kenya de l’impasse. « La solution doit être kenyane et doit être dans l’intérêt des Kenyans… Nous ne sommes la colonie de personne », a soutenu M. Wetangula.
Le président Bush a dépêché la secrétaire d’Etat au Kenya pour contribuer aux efforts visant à sortir le Kenya de l’impasse politique qui a découlé de la crise post-électorale.
« Le point essentiel est que les dirigeants apprennent de Mme Rice le désir des Etats-Unis de voir qu’il soit mis fin à la violence et qu’il y ait un accord de partage du pouvoir qui va aider cette nation à résoudre ses difficultés », a déclaré le président Bush à son arrivée au Bénin.
Mme Rice, attendue ce lundi à Nairobi pour une visite d’une journée, va rencontrer le président Mwai Kibaki et le leader de l’opposition, Raila Odinga.
« Elle vient pour faciliter le dialogue national mené par Kofi Annan. En tant que gouvernement, nous nous félicitons de cette visite. Il ne fait aucun doute que cette visite servira à renforcer les relations cordiales entre le Kenya et les Etats-Unis ». Le gouvernement s’engage à trouver des solutions immédiates et à long terme à la crise que traverse le pays, a déclaré M. Wetangula.
« A nos amis qui nous ont témoigné leur intérêt, tout en nous félicitant de leurs avis et propositions, nous pouvons leur dire que finalement les problèmes seront résolus par les Kenyans et que toute autre solution serait superficielle et contre-productive. Les deux parties se sont engagées à trouver une solution durable », a indiqué M. Wetangula.
Il a estimé que les « Etats-Unis devaient éviter d’user d’un langage dictatorial consistant à nous dire: « vous devez faire ceci ou cela, même si nous encourageons nos amis à nous soutenir ».
« Ils ne doivent pas commettre d’erreurs, en nous disant ce qu’il faut faire. Les exemples ne manquent pas dans le monde sur le fait que les accords imposés échouent avant même que l’encre avec laquelle on les a rédigé ne sèche ».
Les autorités kenyanes n’ont pas condamné les manifestations contre la tournée africaine du président Bush ni le fait que les drapeaux américain et anglais ont été brûlés à Othaya, la ville natale du président Kibaki à Nyeri. Les manifestants ont également brûlé une effigie du président Bush.
« Ces gens exprimaient leur liberté d’association. Chacun a droit à la liberté d’expression », a conclu M. Wetangula.