Le Président tchadien Mahamat Idriss Déby Itno a été élevé au rang de maréchal, ce lundi 9 décembre 2024, une distinction qui le place sur la même échelle honorifique que son défunt père, Idriss Déby Itno, ancien Président du Tchad. Cette décision, prise par le Conseil national de transition (CNT), survient dans un contexte de consolidation du pouvoir et à l’approche des premières élections législatives et locales depuis 2011.
Le projet de résolution pour la promotion de Mahamat Déby a été adopté par 160 voix pour, 2 contre et 6 abstentions. Le texte souligne que le Président a été « élevé à la dignité de maréchal pour services rendus à la nation et pour les nombreuses victoires militaires remportées à l’intérieur et à l’extérieur du pays ». Cette promotion survient trois semaines avant les élections législatives et locales, des scrutins très attendus important pour le processus démocratique du Tchad.
L’ascension militaire de Mahamat Idriss Déby
Ce n’est pas la première fois que la distinction de maréchal est attribuée dans la famille Déby. En 2020, son père, Idriss Déby Itno, avait lui-même été élevé au rang de maréchal après avoir mené une offensive victorieuse contre le groupe djihadiste Boko Haram dans la région du Lac Tchad. Idriss Déby, figure centrale du Tchad, a dirigé le pays pendant près de 30 ans avant de trouver la mort en 2021, tué au front par des rebelles alors qu’il dirigeait une opération contre un groupe d’opposants armés.
À la suite du décès de son père, Mahamat Idriss Déby, alors général, a pris la tête du pays en tant que président du Conseil militaire de transition (CMT), avant de se faire légitimer comme président de la Transition en 2024 après une modification de la Constitution et un scrutin contesté. Le Président Mahamat Déby a également démontré ses capacités de commandement en lançant une offensive contre Boko Haram fin octobre 2024, après une attaque meurtrière contre une garnison sur une île du Lac Tchad.
Les exploits militaires de Mahamat Déby
Il a personnellement supervisé les opérations militaires, à la fois aériennes et terrestres, pendant une quinzaine de jours, avec des points de situation réguliers diffusés sur la page Facebook de la présidence, le montrant en tenue militaire et en situation de commandement. Cependant, après son départ, une quinzaine de soldats, dont des officiers supérieurs, ont été tués dans une embuscade tendue par les djihadistes.
Bien que les funérailles des victimes aient été organisées, aucune information supplémentaire n’a été donnée sur la suite des opérations militaires. Ce développement a exacerbé les tensions, et depuis, Mahamat Déby a pris la décision de suspendre les accords militaires qui liaient le Tchad à la France depuis la fin de la colonisation, qu’il a qualifiés de « obsolètes ». Ce geste marque une volonté de redéfinir les relations internationales du pays et d’affirmer davantage son indépendance.
Des tensions croissantes et un positionnement régionalhttps://www.afrik.com/tchad
Dans un autre tournant significatif, Mahamat Déby a récemment menacé de retirer le Tchad de la force multinationale mixte (FMM), une coalition de pays comprenant le Tchad, le Cameroun, le Niger et le Nigeria, formée en 1994 pour sécuriser la région du Lac Tchad. Le Président tchadien a exprimé sa frustration face à la passivité de ses alliés dans la lutte contre les groupes djihadistes opérant dans la région, menaçant de rompre l’engagement du Tchad dans cette alliance.