Le général Larbi Belkheir enterre ses secrets dans son labyrinthe


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Larbi Belkheir s’est éteint jeudi à l’âge de 72 ans des suites d’une longue maladie. Personnage puissant et secret, son nom est lié aux épisodes les plus marquants de la vie politique algérienne. Son influence s’était néanmoins réduite depuis l’arrivée au pouvoir du président Abdelaziz Bouteflika.

« Un labyrinthe de rumeurs et de vérités jamais vérifiées », ainsi résume le quotidien algérien Liberté la vie de Larbi Belkheir, décédé jeudi à l’âge de 72 ans des suites d’une maladie grave. Le « marionnettiste habile », « l’homme des réseaux », le « faiseur de rois », le « président réel », le « parrain du système » a longtemps hanté les arcanes du pouvoir algérien. Beaucoup de choses ont été dites au sujet de ce général à la retraite, mais il demeure difficile de démêler le vrai du faux, faire la part entre la réalité et le fantasme, tant la vie de cet homme d’influence a été entourée de mystère.

Né le 1er janvier 1938 à Frenda (wilaya de Tiaret dans l’ouest algérien), Larbi Belkheir a occupé tout au long de sa carrière des postes de haute responsabilité au sein de l’armée algérienne. Commandant du 45e bataillon de l’Armée de libération nationale (ALN) dans la zone sud durant la guerre d’Indépendance, il est nommé chef d’état-major de l’armée à Ouargla à l’indépendance, puis de la 2eRégion militaire. En 1975, il prend le commandement de l’École des ingénieurs et techniciens d’Algérie (Enita). « C’est à l’Enita (…) qu’on dit que la succession de Boumediene (mort en 1978) avait été décidée », glisse Liberté.

De 1980 à 1982, au début de l’ère Chadli, il occupe le poste de secrétaire permanent du Haut conseil de sécurité avec le rang de conseiller à la présidence de la République, puis est nommé directeur de cabinet du président Chadli Bendjedid. En 1991, il fait son entée au gouvernement pour occuper le poste de ministre de l’Intérieur et des Collectivités locales. C’est encore lui qui contraindra, en janvier 1992, le président Chadli à démissionner, et participera à l’interruption du processus électoral menée par les généraux « Janviéristes », au lendemain de victoire des islamistes au premier tour de l’élection législative de décembre 1991.

Belkheir et l’assassinat de Boudiaf

Le nom de Larbi Belkheir refait souvent surface quand on évoque l’assassinat du président Mohammed Boudiaf, le 29 juin 1992, alors même qu’il faisait partie de ceux qui l’ont porté au pouvoir. En 2001, Bensaïd Ahmed Lakhdar, alors secrétaire général de la Coordination nationale des enfants de Chouhada (martyrs), l’accuse ouvertement d’ « être derrière » l’ assassinat du président Boudiaf dans les colonnes de la presse.

Et c’est grâce à son « parrainage » que Abdelaziz Bouteflika, l’ancien ministre des Affaires étrangères de Boumediene, revient aux affaires en 1999. Elu président, Bouteflika le nomme chef de cabinet. Mais en 2005 celui-ci, méfiant, l’envoie à Rabat pour occuper des fonctions d’ambassadeur. Eloigné de la présidence, Belkheir perd peu à peu de son influence tandis que sa santé se dégrade. Il meurt, après avoir bataillé contre la maladie, en emportant ses secrets avec lui.

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