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Le projet de gazoduc transsaharien, reliant le Nigeria à l’Europe via le Niger et l’Algérie, franchit une étape décisive avec la signature de trois accords fondamentaux. Cette infrastructure colossale de 4 200 kilomètres pourrait bouleverser l’équilibre énergétique régional tout en offrant de nouvelles perspectives de développement économique pour l’Afrique, dans un contexte où l’Europe cherche à diversifier ses sources d’approvisionnement en gaz naturel.
Un projet structurant pour l’Afrique et l’Europe
Le projet de gazoduc transsaharien (TSGP) continue de prendre forme. Lors du Sommet International de l’Énergie du Nigéria (NIES 2025), le Secrétaire général du Forum des pays exportateurs de gaz (GECF), Mohamed Hamel, a mis en avant l’importance stratégique de ce projet, le qualifiant de « modèle exemplaire de coopération transfrontalière« .
D’une longueur de 4 200 kilomètres, le gazoduc transsaharien est conçu pour acheminer jusqu’à 30 milliards de mètres cubes de gaz par an du Nigeria vers l’Europe, en passant par le Niger et l’Algérie. Avec un coût estimé à 13 milliards de dollars, ce projet représente aussi un vecteur de développement économique majeur pour les pays africains concernés. Le 11 février dernier, l’Algérie, le Nigeria et le Niger ont franchi une étape cruciale en signant trois accords fondamentaux visant à accélérer la mise en œuvre du projet. Ces accords portent sur la mise à jour de l’étude de faisabilité, la compensation financière entre les parties prenantes et la confidentialité des données énergétiques des trois pays.
Une coopération tripartite renforcée
Lors de la réunion ministérielle du comité de pilotage du projet à Alger, les ministres de l’Énergie et du Pétrole des trois pays ont réaffirmé leur engagement à concrétiser cette infrastructure stratégique. Mohamed Arkab (Algérie), Ekperikpe Ekpo (Nigeria) et Sahabi Oumarou (Niger) ont souligné l’importance de ce projet pour le développement énergétique et économique de l’Afrique.
Le contrat de mise à jour de l’étude de faisabilité permettra d’intégrer les dernières avancées technologiques et d’évaluer l’impact environnemental et social du projet selon les standards internationaux actuels. Le contrat de compensation financière assurera quant à lui une répartition équitable des retombées économiques entre les trois nations, tandis que l’accord de confidentialité des données garantira une coopération transparente et sécurisée.
En outre, la construction du gazoduc impliquera le développement d’infrastructures connexes, telles que des stations de compression et de stockage, des routes d’accès et des installations de maintenance, générant ainsi des milliers d’emplois directs et indirects dans des régions souvent défavorisées.
Sur le plan international, l’Europe suit avec un intérêt particulier cette initiative, qui pourrait offrir une alternative fiable à sa dépendance au gaz russe. D’autant plus dans un contexte géopolitique tendu. En s’appuyant sur l’Algérie, déjà un acteur majeur dans l’approvisionnement énergétique européen, le gazoduc transsaharien pourrait devenir un pilier de la stratégie énergétique de l’Union européenne pour les décennies à venir.
Sur le plan financier, l’implication des institutions internationales et des investisseurs privés sera essentielle pour garantir la viabilité du projet. Le Secrétaire général du GECF, Mohamed Hamel, a d’ailleurs fermement dénoncé les pressions visant à restreindre le financement des projets gaziers africains. Lors du NIES 2025, il a rappelé que privée de telles infrastructures, l’Afrique serait injustement pénalisée dans sa transition énergétique et son développement économique.