Les cybercafés poussent comme des champignons dans la capitale gabonaise. On recense 25 000 adresses mail dans tout le pays. Pourtant, il y a à peine un an, le marché de l’Internet était en friche. Enquête sur une révolution discrète.
Plus de 20 cybercafés à Libreville. Déjà quatre à Port-Gentil et un autre à Oyem… Pourtant, il y a à peine un an, au regard d’Internet, le Gabon existait à peine. » Nous voulions ouvrir dès mai 1997, mais il est vrai qu’il y avait beaucoup d’obstacles. Un des problème relevait de la compétence de l’Office des Postes et Télécommunications (OPT), dont la centrale est toujours complètement saturée « , explique M. Kambile, directeur du Ngami, cybercafé de Port-Gentil. Depuis l’année dernière, tout va mieux. Comme beaucoup de ses collègues, il a pris un abonnement à Solsi, le seul fournisseur d’accès privé.
Il a ainsi pu bénéficier d’une assistance technique. Solsi offre également des connexions par ondes radio, ce qui a pour effet de désengorger les lignes téléphoniques et de faciliter le débit. Seule contrainte en plus de l’abonnement mensuel (25 000 Fcfa) : avoir son adresse e-mail sur assala.com, la boîte mail de Solsi. Et le marché de l’Internet au Gabon explose.
Le Gabon aux gabonais
Solsi est une entreprise 100% gabonaise. Soutenue par la Compagnie du Komo, entreprise portuaire, elle récupère petit à petit les sites qui, jusque-là, étaient hébergés à l’étranger. Même le site du Sénat était domicilié en France ! Parallèlement, elle cherche à réveiller l’internaute qui sommeille en chaque Gabonais. » Le marché existe « , affirme Edgar Tougouma, directeur technique de Solsi. » Nous fournissons déjà 25 000 adresses mails. Depuis un an, nous bénéficions d’une connexion par satellite en download (en réception, ndlr). Le seul problème vient de la législation qui nous interdit de contourner l’OPT pour notre émission à l’international. A terme, nous espérons être indépendants « .
L’optimisme est justifié. Que ce soit au Cybercafé Planète à Libreville, fort de ses 45 ordinateurs qui ne se reposent jamais, ou à L’Agecom, les salles ne désemplissent pas. A Port-Gentil, l’évolution est aussi rapide. » Au début, je visais surtout les soldats français de la base militaire. Ils sont déjà coutumiers de l’Internet. Mais très vite, j’ai vu arriver des étudiants et des enseignants. Et puis, il y a de plus en plus de femmes, de mères, dont les enfants sont à l’étranger et qui peuvent communiquer avec eux par mail. « , se réjouit M. Kambile.
Peu à peu, des particuliers se laissent tenter. A un coût de connexion parmi les moins chers d’Afrique, entre 800 et 1 200 F cfa de l’heure, on peut se permettre d’être curieux.