Le Gabon et la Guinée Équatoriale plaident leur cause devant la CIJ concernant la souveraineté de trois îles. Un conflit ancien aux implications stratégiques.
Depuis plusieurs décennies, le Gabon et la Guinée Équatoriale sont en désaccord sur la souveraineté de trois petites îles situées dans le golfe de Guinée : Mbanié, Cocotier et Conga. Ce conflit, qui remonte à l’époque coloniale, a désormais atteint les hautes instances de la Cour internationale de justice (CIJ) de La Haye, où les deux nations espèrent une résolution définitive. Alors que les deux voisins africains exposent leurs arguments, l’enjeu semble s’intensifier avec des accusations de falsification de documents et des revendications historiques contradictoires.
Un différend de longue date
Le litige autour des îles de Mbanié, Cocotier et Conga trouve ses racines dans un traité signé en 1900 entre la France et l’Espagne, alors puissances coloniales en Afrique. À l’époque, les frontières entre les deux colonies étaient définies, mais les ambiguïtés subsistaient. Avec les indépendances respectives des deux pays, ce flou a été exacerbé. Depuis les années 1970, le Gabon et la Guinée Équatoriale se disputent ces îles, situées à quelques kilomètres des côtes, dans des eaux potentiellement riches en pétrole.
En 2016, les deux nations décident de soumettre cette querelle devant la CIJ, espérant trouver une solution qui mette un terme à des décennies de tensions. Cette semaine, après les plaidoiries de la Guinée Équatoriale, c’est au tour du Gabon de défendre sa position.
Le Gabon invoque la convention de Bata
Au cœur de l’argumentation gabonaise se trouve la « Convention de Bata », un traité signé en 1974 entre les deux pays, selon lequel la Guinée Équatoriale reconnaîtrait la souveraineté du Gabon sur les îles contestées. Libreville a ainsi présenté une copie de ce document aux juges de la CIJ, soutenant qu’il prouve de manière indiscutable que Mbanié, Cocotier et Conga lui appartiennent.
Cependant, la Guinée Équatoriale rejette la validité de cette convention, qualifiant le document de simple « photocopie » sans valeur juridique. Ses représentants affirment que les îles ont été annexées par l’Espagne bien avant les indépendances et qu’elles appartiennent donc naturellement à Malabo.
Une bataille juridique acharnée
La Guinée Équatoriale accuse le Gabon d’occuper illégalement ces territoires depuis 1972. Elle insiste sur le fait que Mbanié, Cocotier et Conga sont historiquement et géographiquement liées à ses côtes et demande à la CIJ de rejeter la convention de Bata. Selon le vice-ministre équato-guinéen des Mines et des Hydrocarbures, Domingo Mba Esono, le Gabon n’a jamais été capable de présenter un original authentifié du traité de 1974, ce qui fragilise sa position.
Face à ces accusations, le Gabon reste inflexible. Marie-Madeleine Mborantsuo, présidente honoraire de la Cour constitutionnelle du Gabon, a rappelé que le document a été dûment transmis à l’ambassade de France à Libreville peu après sa signature, et qu’une copie certifiée conforme est disponible dans les archives françaises.