Le ministère de la Culture et des Arts a organisé le week-end dernier, dans la capitale gabonaise, la neuvième édition de la Fête des cultures placée cette année sous le triptyque de la rencontre, de l’amitié et du partage. Cette fête a été l’occasion d’un véritable dialogue de cultures à Libreville. Les populations ont eu droit aux danses traditionnelles, aux mets et vin du terroir, au théâtre et à l’exposition des œuvres de l’esprit.
Notre correspondant à Libreville
La Fête des cultures a été ouverte par deux conférences données par les universitaires africains sur les thèmes en rapport avec la civilisation africaine. Les conférenciers ont rappelé à l’occasion que « l’Afrique est le berceau de l’humanité » et que nos cultures doivent être protégées en vue de conserver une identité proprement africaine.
Un grand défilé des artistes locaux et des pays amis à la place de l’indépendance en présence du chef de l’Etat gabonais, Omar Bongo Ondimba, des membres du gouvernement et des représentants du corps diplomatique, a donné une note particulière à ce foisonnement culturel. « Notre rassemblement traduit notre aspiration à l’unité. Nous voulons nous enrichir des valeurs des autres, de leur patrimoine matériel et immatériel, de toutes les connaissances qu’ils ont acquises tout au long de leur histoire. » a déclaré à l’occasion le ministre de la Culture Paul Mba Abessole.
Des artistes venus de l’intérieur du pays n’ont pas manqué d’exprimer leur satisfaction d’avoir pris part à cette rencontre. C’est le cas de ce chanteur du Mvett, Etoughe Ndong, venu du Woleu-Ntem. « Je suis content de participer à cette fête. C’est un grand moment de rencontre internationale. Nous avons l’occasion de donner aux autres peuples ce que nous avons de plus intime et nous prenons ce qu’ils nous proposent. Cette confrontation nous donne l’image réelle de la culture africaine, peut-être même universelle », a-t-il affirmé. « Mais je souhaite que les artistes soient pris au sérieux et qu’au-delà de la fête, l’avenir des artistes intéresse les politiques. Il faudra penser aussi à créer l’observatoire des danses traditionnelles au Gabon pour préserver nos traditions musicales de l’invasion des sonorités modernes », a-t-il poursuivi avant d’ajouter que les artistes doivent chercher à collaborer avec les partenaires au développement pour espérer un jour résoudre le sempiternel problème des droits d’auteur.
Litterature et arts plastiques moins appréciés
Pour Ange Nzaou, artiste peintre, venu de Franceville, cette fête des cultures a pris les allures d’une rencontre folklorique et les populations, s’est-il plaint, ne montrent aucun intérêt pour les arts plastiques et tout le monde a –t-il regretté va vers les danseurs, le vin ou la nourriture.
« A l’heure de la mondialisation, il est très important de célébrer son patrimoine culturel et d’affirmer son identité dans un contexte africain où la mondialisation ressemble beaucoup plus à l’occidentalisation des mœurs», a dit pour sa part Solange Bongo, écrivain et fondatrice des éditions Amaya, avant d’ajouter qu’il est important de promouvoir la littérature et de subventionner les éditeurs au Gabon.
« Je ne suis pas très enchanté. Je me rends compte que les Gabonais n’aiment pas la lecture. Les gens ne viennent pas vers le livre et pour les jeunes, c’est la catastrophe. Ils ne lisent que pour un intérêt immédiat et ne s’intéressent qu’aux choses qui sont en dessous de la ceinture. C’est très triste », a regretté devant son stand de livres, Albert Ango, écrivain et libraire.
Organisé après quatre ans d’éclipse, la neuvième édition de la fête des cultures aura été pendant trois jours, un moment intense d’échange et de foisonnement culturel à Libreville. Et cette fête, dans ce pays qui compte plus de 40 ethnies est devenue un symbole vivant de l’unité nationale dans le respect de la différence.