Le G7 a fermement condamné l’offensive du M23 dans l’Est de la République Démocratique du Congo et appelé à une cessation immédiate des attaques et à la protection des civils. Les ministres des Affaires étrangères ont également demandé un soutien humanitaire sans entrave et ont exhorté au respect des accords de paix du processus de Luanda.
Le G7 a, hier 2 février 2025, exprimé une vive condamnation de l’offensive menée par le groupe rebelle M23 dans l’est de la République Démocratique du Congo (RDC). À travers une déclaration officielle, les ministres des Affaires étrangères du Canada, de la France, de l’Allemagne, de l’Italie, du Japon, du Royaume-Uni, des États-Unis, ainsi que le responsable de la politique étrangère de l’Union européenne, ont exprimé leur inquiétude face à cette nouvelle escalade militaire. Ces responsables ont appelé le M23 ainsi que les Forces rwandaises de défense (FRD), qu’ils accusent de soutenir le groupe, à arrêter immédiatement leurs attaques dans toutes les directions.
Cesser « tout soutien direct ou indirect » au M23
L’accent a été mis sur la nécessité d’assurer une « protection urgente des civils », confrontés à des conditions de plus en plus précaires. L’offensive, qui a débuté la semaine dernière, a été suivie d’une annonce selon laquelle le M23 aurait pris le contrôle de la ville de Goma. Bien que ce groupe soit soupçonné de bénéficier du soutien du Rwanda, ce dernier a fermement nié toute implication dans les actions du M23. Cette situation a intensifié les tensions déjà vives entre la RDC et son voisin rwandais, dont les relations se sont détériorées ces dernières années.
Dans leur déclaration, les ministres des Affaires étrangères du G7 ont également exhorté à la fin de « tout soutien direct ou indirect » au M23, ainsi qu’à l’ensemble des groupes armés non étatiques opérant en RDC. Selon eux, l’offensive en cours constitue une violation manifeste de la souveraineté de la République Démocratique du Congo et met en péril l’intégrité territoriale du pays. Ils ont par ailleurs exprimé leur vive inquiétude concernant l’expansion du M23 dans la région du Sud-Kivu, dans l’est de la RDC.
Accès humanitaire « rapide, sûr et sans entrave » exigé
L’offensive du M23 a déjà eu des conséquences dramatiques sur la population civile. Le nombre de déplacés à Goma et dans toute la région a considérablement augmenté, avec plusieurs centaines de milliers de personnes fuyant les combats, depuis le mois de janvier 2025. « Nous déplorons les conséquences catastrophiques de cette nouvelle offensive, qui aggrave davantage les conditions humanitaires déjà très difficiles dans la région », ont souligné les ministres des Affaires étrangères du G7.
En réponse à cette crise humanitaire, les responsables du G7 ont réclamé un accès humanitaire « rapide, sûr et sans entrave » aux zones affectées, afin de fournir une assistance essentielle aux populations en détresse. Ils ont également insisté sur le fait que le personnel humanitaire doit bénéficier de garanties de sécurité pour pouvoir mener ses actions sans entrave. Le G7 a réaffirmé son soutien total à la Mission de l’ONU pour la stabilisation en RDC (MONUSCO), qui a pour mission de protéger les civils et de contribuer à la stabilisation de la région.
Retrait du M23 de toutes les zones qu’il occupe
Les ministres ont appelé toutes les parties à respecter le mandat de la MONUSCO et à lui permettre de remplir ses missions. Par ailleurs, les ministres ont appelé à un retour urgent aux négociations et ont souligné l’importance de respecter les engagements pris dans le cadre du processus de Luanda, une initiative diplomatique en cours visant à résoudre le conflit entre la RDC et le Rwanda, tout en mettant fin à l’implication des groupes armés dans cette guerre. Ils ont particulièrement insisté pour que le M23 se retire de toutes les zones qu’il occupe actuellement en RDC.
Le M23, fondé en 2012 par des militaires dissidents de l’armée congolaise, a fait son retour sur la scène militaire en 2022. Après avoir été défait en 2013, le groupe a repris les armes, s’emparant de plusieurs localités dans la province du Nord-Kivu, région stratégique à la frontière du Rwanda et de l’Ouganda. Les accusations formulées par Kinshasa à l’encontre du Rwanda sont multiples : le gouvernement congolais accuse son voisin d’appuyer activement le M23, dans le but d’accéder aux ressources minières de cette région riche en minéraux.
Tensions entre la RDC et le Rwanda
Ces accusations sont soutenues par des rapports d’agences des Nations unies, qui pointent du doigt l’implication militaire rwandaise aux côtés des rebelles. Le Rwanda, pour sa part, rejette ces accusations et maintient que le M23 est un mouvement purement congolais, dirigé par des Congolais, bien que ses membres parlent le kinyarwanda, la langue du Rwanda. Kigali conteste les conclusions des rapports de l’ONU.
Le Rwanda a en outre rappelé qu’en 2012-2013, il avait désarmé les rebelles du M23 qui s’étaient réfugiés sur son sol et leur avait remis leurs armes aux autorités congolaises. Les tensions entre la RDC et le Rwanda sont alimentées par des accusations réciproques. Le Rwanda met en avant les liens présumés de Kinshasa avec des groupes armés tels que les miliciens Wazalendo ou les FDLR (Forces Démocratiques de Libération du Rwanda), considérés comme responsables du génocide de 1994.
Appel à une solution pacifique et à un règlement diplomatique
Selon Kigali, ces alliances sont une tentative de déstabiliser son gouvernement. De son côté, Kinshasa considère le M23 comme un groupe terroriste, et toute forme de négociation est rejetée tant que le groupe ne cesse pas ses activités militaires. Face à cette situation, le G7 appelle à une solution pacifique et à un règlement diplomatique de cette crise. Les ministres ont souligné l’urgence d’une désescalade de la violence pour permettre la protection des civils et la restauration de la stabilité dans cette région meurtrie par des années de conflits.