Le Front Noir Brésilien (Frente Negra Brasileira) fut fondé le 16 décembre 1931 et est resté actif jusqu’en 1937, devenant un parti politique en 1936. Ce fut l’organisation d’afrodescendants la plus importante sur le terrain sociopolitique dans la première moitié du siècle.
Extrait d’un témoignage de Francisco Lucrécio dans le livre Frente Negra Brasileira
« Le Front Noir était un mouvement social qui contribua beaucoup aux luttes pour les places des noirs ici à São Paulo. Il y avait plusieurs organisations noires. Toutes ces organisations s’occupaient de la partie récréative et sociale, mais le Front est arrivé avec un programme de lutte pour la conquête de positions pour le noir dans tous les secteurs de la vie brésilienne. Un de ses départements s’est même orienté vers la question politique car nous sommes arrivés à la conclusion que pour conquérir ce que l’on souhaitait, on devrait se battre sur le terrain politique, on devait avoir un parti qui nous représentait véritablement.
Je pense que la conscience qui existait à l’époque était beaucoup plus forte que celle qui existe à présent. Quand le noir ressent une pression, quand n’importe quel groupe humain ressent une pression, il recherche un moyen de défense. La pression était si forte que de nombreux journaux écrivaient : “Besoin d’employé, mais pas ceux de couleur”.
Il y avait également certains mouvements dans l’intérieur du pays, principalement dans les endroits où les noirs ne pouvaient pas se promener dans les jardins, mais sur la chaussée. Beaucoup de familles ne les acceptaient pas, et les employées domestiques noires ne les acceptèrent finalement que lorsque le Front Noir Brésilien fut créé. On en arriva même à exiger que ces femmes aient des cartes du Front.
À l’époque, cette conscience était beaucoup plus accentuée qu’actuellement. Car aujourd’hui, les jeunes noirs, selon moi, sont très tranquilles, je ne sais pas si c’est par crainte ou non.
Le Front Noir fonctionnait parfaitement. Il possédait un département sportif, un musical, un autre féminin, un éducatif, celui de l’instruction morale et civique. Tous les départements avaient une direction et le Grand Conseil supervisait l’ensemble. Ils travaillaient très bien. Ainsi, beaucoup des organisations de noirs qui s’occupaient des divertissements s’affilièrent au Front Noir. Et il y avait plusieurs sociétés à São Paulo et dans les coins reculés de l’intérieur et au delà. C’est pour cette raison que le Front a pris de l’envergure, à tel point qu’il avait une délégation dans le Rio de Janeiro, dans Bahia, dans le Rio Grande do Sul, à Minas Gerais etc. »
Traduit du Portugais par Guy Everard Mbarga