Pour palier aux insuffisances du port d’Abidjan, les chargeurs maliens ont détourné leurs cargaisons sur le port de Dakar. C’est le trafic par conteneurs qui est le plus concerné par cette mesure. Le port sénégalais retrouve ainsi sa cadence d’avant le dysfonctionnement de l’axe ferroviaire Dakar-Bamako.
La crise ivoirienne a favorisé le détournement du trafic malien conteneurisé vers le port de Dakar. Trafic entre les deux pays qui observe un retour à la normale après la baisse d’activité enregistrée avec le dysfonctionnement du chemin de fer reliant Dakar (Sénégal) à Bamako (Mali). Ce dernier assurait 80% du fret. Explications avec Mariam Dollo Coulibaly, directrice intérimaire des Entrepôts maliens, établissement public chargé de la gestion des installations portuaires du Mali à Dakar et à Kaolak. L’établissement est également en charge de l’évacuation des marchandises et de la collecte des statistiques du trafic du fret malien à l’import et à l’export.
Afrik.com : Les marchandises à destination du Mali sont-elles réellement détournées sur le port de Dakar ?
Mariam Dollo Coulibaly : Absolument ! Depuis le début de la crise ivoirienne, notamment depuis octobre 2002, nous avons constaté un accroissement du trafic conteneurisé à destination du Mali sur la plate-forme portuaire de Dakar. Le conventionnel (fret non conteneurisé, ndlr) n’est quasiment pas concerné. Avant la crise, le port de Dakar traitait 500 boîtes par mois, aujourd’hui nous en sommes à 1 500. Les conteneurs arrivent de tous les coins du monde et transportent tout type de marchandises. Aliments, pièces d’usines etc… Abidjan n’étant plus en mesure d’accueillir les navires, les chargeurs ont du contacter leurs transporteurs afin que leurs cargaisons soient dirigées vers le port de Dakar.
Afrik.com : Le port du Dakar arrive-t-il à faire face à ce surplus de trafic ?
Mariam Dollo Coulibaly : Un effort supplémentaire a été fait mais le terminal à conteneurs du mole 6 est un peu engorgé. Cela tient en partie du fait que le chemin de fer reliant Dakar à Bamako connaît quelques dysfonctionnements à cause de sa vétusté. En effet, le rail est le seul moyen de rallier Dakar à Bamako. L’état du chemin de fer est également responsable du détournement de trafic qu’a connu le Sénégal au profit de la Côte d’Ivoire. Bien avant la crise ivoirienne, le port de Dakar accueillait près de 80% du trafic conteneurisé des marchandises à destination du Mali. Mais compte tenu des longs délais d’acheminement du fret par le train, les chargeurs se sont peu à peu déportés sur Abidjan. En effet, il faut au minimum 20 jours par la voie ferrée depuis Dakar pour que les marchandises arrivent à Bamako alors qu’au départ d’Abidjan elles sont livrées en 72h.
Afrik.com : Mettez-vous en place une politique spécifique pour capter ce trafic ?
Mariam Dollo Coulibaly : Quand les choses seront retournées à la normale, nous espérons atteindre les 1 000 boîtes par mois avec la reprise en main du chemin de fer et la fin de construction de l’axe routier Kayes-Bamako prévue pour 2004. Les autorités maliennes s’y attellent. La partie sénégalaise du tronçon est déjà achevée.