Le Forum Social Mondial (FSM), qui prend ses quartiers pour la première fois sur le continent africain, se tiendra du 20 au 25 janvier à Nairobi, la capitale kényane. Taoufik Ben Abdallah du secrétariat du Forum Social Africain et membre du comité d’organisation du FSM 2007 revient sur les enjeux de cette septième édition placée sous le signe de l’action.
Bamako accueillait en 2006 le Forum Social Mondial polycentrique, Nairobi accueille, lui, cette année, le Forum Social Mondial. Les altermondialistes venus d’Asie, d’Amérique latine, des Caraïbes, d’Amérique du Nord, de l’Europe et d’Afrique ont décidé d’exprimer leur espoir pour la concrétisation de leur leitmotiv – « Un autre monde est possible »-, pour la première fois, en terre africaine.
Afrik.com : Pourquoi ce thème « Luttes du peuple, alternatives du peuple » pour ce Forum Social Mondial de Nairobi ?
Taoufik Ben Abdallah : Ce Forum Social Mondial se déroule en Afrique. Ce thème a été choisi parce que l’Afrique, justement, est le continent le plus vulnérable aujourd’hui dans le monde. Il a besoin de ces solutions nouvelles que propose le mouvement altermondialiste. C’est le continent qui a le plus besoin d’une vie démocratique et que ses citoyens participent à cette nouvelle dynamique.
Afrik.com : Outre le fait qu’il se déroule en Afrique, quelle sera la particularité de ce Forum 2007 ?
Taoufik Ben Abdallah : Nous avons apporté certaines innovations à ce forum afin que les réflexions qui y seront menées produisent de l’impact. Nous allons ainsi élaborer un plan d’action. Toute une journée sera consacrée à définir les actions concrètes qui devront être menées au sortir de ce Forum en 2007 et en 2008. Autre nouveauté : le comité d’organisation a décidé de conduire 13 grandes activités qui mettent en avant les problématiques africaines. Les questions relatives à la dette, au sida, à la jeunesse ou encore aux femmes seront quelques uns des thèmes abordés. Nous mettrons en avant, par exemple, à travers un espace intitulé « Mémoire des résistances et des luttes », les luttes de libération, les luttes démocratiques que connaît le continent africain. Dans cet espace, des personnalités comme Nelson Mandela, par vidéo-conférence, et Winnie Mandela, qui sera présente à Nairobi, interviendront pendant les débats. L’Afrique prend à son compte le mouvement social et lui donne un visage particulier qui correspond à ses singularités. Mais, il est important de le préciser, le Forum de Nairobi est un forum social mondial et non un forum social africain. Ce n’est pas un forum de la charité.
Afrik.com : Cette volonté de déboucher sur du concret voudrait-elle dire que tous les constats qui ont été faits lors des précédents forums n’ont eu aucun impact ?
Taoufik Ben Abdallah : Elles ont eu un impact, mais il reste encore diffus. Nous voulons désormais formaliser nos réflexions à travers un plan d’action défini par des coalitions qui s’engagent à conduire des actions concrètes dont l’impact sera mesurable. Nous voulons être plus précis et plus concrets.
Afrik.com : Combien d’altermondialistes attendez-vous à Nairobi et combien seront Africains ?
Taoufik Ben Abdallah : Nous attendons environ 100 000 personnes qui viendront de tous les continents. Il faut dire qu’il y a beaucoup d’inscriptions de dernière minute. Nous attendons bien évidemment beaucoup de Kényans. Le nombre de participants africains reste encore difficile à évaluer, mais la mobilisation est importante.
Afrik.com : La société civile a-t-elle les capacités de relever aujourd’hui les défis qui s’imposent à elle ?
Taoufik Ben Abdallah : La société civile africaine a déjà pris ses responsabilités comme l’a démontré Bamako et toutes les actions qui sont conduites sur le terrain. Le Forum Social Mondial est l’occasion de lui redonner du souffle, de le renforcer au contact d’expériences menées à travers le monde et de mieux appréhender les enjeux de ses luttes.
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