Une rapport publié par le Fonds Monétaire International reconnaît que les conseils faits aux Pays en Voie de Développement de s’ouvrir aux capitaux étrangers n’étaient pas toujours des plus judicieux. Un constat notable si l’on s’en tient à la situation des pays africains que le bailleur de fonds a exhorté à la libéralisation et à la privatisation.
Le Fonds monétaire international (FMI) reconnaît « qu’il est difficile d’établir une solide relation de cause à effet entre l’intégration financière et la croissance » dans les Pays en Voie de Développement (PVD). C’est ce qu’on peut lire dans un rapport, publié le 17 mars dernier, sur les effets de la globalisation financière dans les Pays en Voie de Développement (PVD) au travers de quelques exemples empiriques (Effects of Financial Globalization on Developing Countries : Some Empirical Evidence, ndlr).
L’intégration financière renvoie aux rapports d’un pays, en particulier, avec le marché international de capitaux. La globalisation financière, concept parent, se rapporte à l’accroissement de l’interdépendance financière au travers des flux transfrontaliers de capitaux. Les auteurs du rapport, Eswar Prasad, Kenneth Rogoff, Shang-Jin Wei et M. Ayhan Kose du FMI, expliquent que l’accroissement des flux de capitaux vers les pays en voie de développement tient en partie aux politiques de privatisation à grande échelle.
Des conditions préalables
Notons que les privatisations ont été fortement conseillées par les bailleurs de fonds internationaux, dont le FMI, aux PVD africains pour sortir de la crise économique au début des années 80. Ils soulignent que pour bénéficier des effets positifs de cette intégration financière la qualité des institutions nationales et une stabilité macroéconomique est primordiale. Car la démarche présente des risques quand certains pré requis ne sont pas respectés. Conditions qui n’existaient pas dans la plupart des pays africains à qui on a imposé les célèbres Plans d’ajustement structurels.
C’est dans cette optique, précisent les auteurs du rapport, que le FMI tente d’établir des normes sur les bonnes pratiques en matière de transparence et de supervision financière. Ils soulignent, par ailleurs, la contradiction qu’il y a entre les effets positifs présentés par la théorie et les conclusions peu significatives faites sur le terrain. Ils notent que « si l’intégration financière a un effet positif sur la croissance, il n’y a encore aucune preuve empirique, solide et claire, sur le plan quantitatif, de l’importance de son impact.[…]. L’intégration financière doit être abordée avec précaution dans un bon cadre macroéconomique et institutionnel ».
Ce n’est pas la première fois que les politiques de l’organisme international sont critiquées de l’intérieur. Le prix Nobel d’économie 2001, ancien économiste en chef à la Banque Mondiale, Joseph Stiglitz l’avait déjà fait. Cette étude illustre plus que jamais la lente révolution qui commence au sein de l’institution qui semble de moins en moins encline à prôner la libéralisation à outrance, leitmotiv de son principal pourvoyeur : les Etats Unis.