Le FMI fait son autocritique


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Le dernier rapport du grand argentier de la planète met en cause sa propre politique d’aide contre ajustements structurels en Afrique. Une révolution.

Le Fonds Monétaire International fait son autocritique. Dans un rapport rendu public, intitulé « Aides et réformes en Afrique », des experts mandatés par la banque mondiale ont clairement mis en cause l’approche « aide contre ajustement structurels », qui fonde la politique du grand argentier de la planète envers l’Afrique depuis 30 ans.

« Ce rapport montre que l’aide ne peut acheter la réforme dans les pays pauvres qui y sont absolument opposés », écrit l’économiste Shata Davarajan, l’un des co-auteurs du rapport. Pire : « Sans stratégie de développement propre, même la mieux intentionnée des aides n’aura que peu d’impact sur la qualité de vie des gens ».

La position défendue jusqu’aujourd’hui par le FMI implique que sans réduction du niveau des devises nationales, limitation de crédits, suppression des contrôles des prix et des barrières douanières, il n’est point de voie de salut. Souvent, la banque mondiale a imposé ses réformes aux chefs de gouvernement. Ces derniers, rejoints en cela par de nombreuses ONG, n’ont de cesse de répéter que ces conditions sont trop dures, qu’elles sont chères et déstabilisent le pays.

Un dogme contesté

En exigeant des réductions drastiques des dépenses publiques, la banque mondiale est accusée d’avoir durablement affecté les politiques sociales, éducatives et sanitaires, pourtant indissociablement liées au développement économique des pays.

Le rapport de la banque mondiale, qui a été demandé par les pays donneurs, s’appuie sur une série d’études de deux ans sur une dizaine de pays africains classés en trois catégories : les réformateurs à succès, les réformateurs post-socialistes, les réformateurs mitigés et les pays qui s’y refusent.

Parmi ces derniers (et non des moindres), le pays le plus peuplé du Continent, le Nigeria, a jusqu’à présent refusé de se plier aux conditions du FMI, malgré le départ des militaires. Ce qui n’a pas empêché Lagos de bénéficier d’aides extérieures. « Nous pensons qu’il faut désormais discuter non pas de la nécessité des réformes avec les dirigeants de ce pays, mais comment réformer », estiment les auteurs du rapport.

La fin d’une certaine politique que le directeur de la Banque Mondiale, James Wolfensohn, a commentée non sans mauvaise humeur: « Nous constatons avec une certaine ironie que c’est au moment où les gouvernements africains entament des réformes économiques et sociales que la manne de l’aide vient à être fermée ». La faute aux donneurs, en somme…

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