La justice écossaise tient entre ses mains le sort de l’officier libyen Abdelbasset al-Megrahi, écroué pour son implication dans les attentats de Lockerbie en 1988. L’Ecosse, favorable à sa libération pour raison médicale, doit faire face à l’opposition des Etats-Unis dont 189 ressortissants ont péri dans le drame.
Abdelbasset al-Megrahi, 57 ans et à l’article de la mort, compte sur l’indulgence de la justice écossaise. Le haut responsable des services secrets libyens a été condamné à au moins 27 ans de prison en 2001 pour avoir fomenté l’attentat contre le vol 103 de la compagnie américaine Pan Am. L’avion, qui a explosé en 1988 au dessus de la ville de Lockerbie, en Ecosse, avait causé la mort de 270 personnes, dont 189 citoyens américains. Il purge sa peine dans ce pays dont la Haute Cour de justice a accepté ce mardi qu’il renonce à sa deuxième demande d’appel. Cette décision ouvre la voie à une libération prochaine à laquelle les Etats-Unis s’opposent. Pour les Américains, il doit aller au terme de sa condamnation en dépit de la gravité de son état de santé. La BBC avait annoncé jeudi la libération prochaine de l’officier libyen à la faveur d’une grâce médicale.
«Une décision très bientôt»
Abdelbasset al-Megrahi souffre d’un cancer de la prostate en phase terminale. Il ne lui resterait que trois mois à vivre, d’après le Times. Selon ses avocats, l’homme souhaite finir ses jours dans son pays. Il espère par conséquent être libéré pour raisons humanitaires, le processus le plus rapide pour lui permettre de recouvrer la liberté, au risque de choquer les familles des victimes. Autre alternative : une libération pourrait intervenir au nom des accords de transfert de prisonniers entre la Grande-Bretagne et la Jamahira arabe lybienne. Le secrétaire écossais à la Justice, Kenny MacAskill devrait faire connaître sa décision dans une dizaine de jours. « Il a annulé tous ses engagements pour se pencher sur la question. Nous attendons une décision très bientôt », a précisé un porte-parole.
Et il faudra compter avec la pression des Etats-Unis. Une liste de sénateurs américains, dont le démocrate Edward Kennedy, ont appelé lundi les autorités écossaises à revoir leur position. La secrétaire d’Etat Hillary Clinton avait exprimé un point de vue similaire, la semaine dernière, lors d’un entretien téléphonique avec Kenny MacAskill. Ce dernier avait, semble-t-il, décidé du transfèrement cette semaine d’Abdelbasset al-Megrahi. Cependant, selon toujours le Times, le processus aurait été retardé par l’intervention américaine.
La Haute Cour de justice d’Ecosse se réunira pour sa part dans trois semaines afin de finaliser la procédure d’annulation de l’appel.