Au sortir de la guerre, la route commerciale du fleuve Congo retrouve ses marques. Mais l’activité, entre les ports fluviaux et le port maritime de Pointe Noire, reste toutefois largement conditionnée par un chemin de fer largement sinistré.
Le fleuve Congo est rouvert depuis juin dernier à la navigation commerciale. Une semi bonne nouvelle pour le Congo car le trafic sur le fleuve n’était que partiellement interrompu pour le pays. Un trafic qui reste conditionné aujourd’hui par le chemin de fer historique Congo-Océan, largement endommagé par la guerre, reliant le port fluvial de Brazzaville au port maritime de Pointe Noire.
Certes, la guerre en République démocratique du Congo (RDC) avait fermé le fleuve Congo à la navigation. Mais pas sur toute sa longueur. Seul le tronçon de la région frontalière entre la RDC, le Congo et la Centrafrique était effectivement zone interdite. Pendant deux ans et demi, le flux de marchandises est resté bloqué en amont du fleuve. Bloqué le commerce entre le Congo, la Centrafrique et le Tchad. Bloquée encore la route du bois camerounais qui d’ordinaire empruntait le fleuve pour rejoindre la côte atlantique.
Un trafic maintenu pendant la guerre
Pour autant, les ports fluviaux congolais en aval n’ont jamais arrêté leur activité. La circulation commerciale est presque exclusivement intérieure. » Il y a toute une partie de l’activité qui n’a jamais été touchée par la guerre en RDC « , commente Dominique Bemba, directeur général de port autonome de Brazzaville.
Est-ce que la reprise de la navigation sur l’ensemble du fleuve a fait exploser le trafic congolais ? Oui et non. » Comme les bois flottants camerounais ne pouvaient plus transiter par le fleuve, le Cameroun a investi, chez lui, dans les transports routiers pour créer une nouvelle route du bois jusqu’à la côte atlantique. Il a détourné ses activités ainsi que celles de la Centrafrique du port de Pointe Noire vers le port de Douala. Mais les choses reprennent petit à petit. Récemment, nous avons été contactés par des forestiers centrafricains pour la mise à disposition de terrains de stockage à Brazzaville ».
Rien sans le rail
La route commerciale sur le fleuve Congo est une chaîne composée de trois maillons. Le port maritime de Pointe Noire, le port fluvial de Brazzaville et les autres ports secondaires. Problème : le fleuve n’est pas navigable entre Brazzaville et la côte. Les nombreuses cataractes de cette zone rocheuse constituent un barrage naturel infranchissable par les bateaux.
C’est le rail qui prend donc le relais entre les deux chefs-lieux. Mais les infrastructures ferroviaires congolaises ont été encore largement détruites lors de la dernière guerre civile, et restent en mauvais état. C’est un goulot d’étranglement. » Tant que le chemin de fer n’aura pas regagné sa pleine capacité, le commerce sur le fleuve ne pourra pas se développer « .
Même si pour l’instant, les installations portuaires de Brazzaville ont été, elles aussi, très durement touchées par les combats, il demeure que » ce qui reste peut être suffisant pour le trafic actuel et pour les deux prochaines années « . Tout est conditionné par le rail et les autorités sont déjà à pied d’oeuvre pour relancer sa pleine exploitation. » De gros investissements, un travail coûteux, mais primordial « , reconnaît le directeur du port de Brazzaville.
Concurrent direct du circuit commercial parallèle de Kinshasa – qui dispose également d’une ligne ferroviaire et d’un réseau routier jusqu’au port maritime de Matadi (RDC) – l’axe Brazzaville Pointe Noire fait l’objet de toutes les attentions.